Les films de la réalisatrice Alice Winocour sont assez rares, le dernier remontait à 2012, elle est le plus souvent scénariste, on se souvient avec délectation du film franco-turc « Mustang », lequel avait raflé une dizaine de Prix, de Cannes aux César et ailleurs. Aujourd’hui est sorti en salles, son dernier film en tant que réalisatrice, « Proxima » comme la planète du Centaure, la plus proche de chez nous en dehors du système solaire, à quand même un peu plus de 4 années lumière. Belle balade à faire !
« Proxima », c’est un très bel hommage aux femmes cosmonautes. J’emploie le terme russe parce que seuls les russes envoient aujourd’hui des êtres humains dans l’espace à bord des Soyouz, et parce qu’une grande partie du récit se déroule à Baïkonour, au Kazakhstan,
Sarah, magnifiquement interprétée par Eva Green, rêve depuis son enfance de voler dans l’espace. On la retrouve en plein entraînement à Cologne, au Centre spatial européen. Elle a une fille, Stella, environ 8 ans, est séparée de son compagnon, bien que ce dernier vive aussi au Centre spatial. Sélectionnée pour partir dans le prochain vol vers la station orbitale, puis vers Mars, elle quitte sa fille pour un séjour, d’abord à la Cité des Etoiles, puis à Baïkonour. Séparation pas simple du tout entre la fille et la mère, remarquablement décrite par Winotour. La réalisatrice propose deux histoires parallèles, celle de la mère en Russie, celle de la fille en Allemagne, histoires qui se rejoignent parfois quand Stella va rejoindre sa mère.
On est plongé en plein cœur de l’entraînement des cosmonautes, sorte de documentaire, manifestement les russes ont ouvert en grand leur centre spatial à la réalisatrice. On découvre que ces hommes et ces femmes ne sont que des êtres humains, en aucun cas des surhommes (ou surfemmes), chacun pouvant avoir des moments de faiblesse, quelque blessure, mais à la fin, on part. Le final est somptueux : d’abord, lorsque les 3 cosmonautes arrivent devant la fusée, la caméra devient l’œil de Sarah sous son scaphandre, le pope est là pour bénir (c’est toujours ainsi à Baïkonour), puis le départ avec les caméras de Winotour, placées sous la fusée nous offrent un spectacle son et lumières absolument fabuleux.
Petit reproche : on aurait pu se passer de l’extravagante escapade de Sarah et de sa fille, la veille du départ, en pleine nature. C’est totalement irréaliste ! Même si cela règle une fois pour toutes les problèmes de la fille qui ne verra plus sa mère pendant un an, Stella repartant en Allemagne avec son père, le cœur apaisé.
Et ne manquez pas le générique final avec les photos de toutes ces femmes qui depuis Terechkina en 1963, ont volé dans l’espace. Il y en a plus qu’on ne croit. La française Claudie Haigneré en fait partie.