Petit hommage à Robin Williams qui vient de nous quitter, avec cette critique de l’un de ses premiers rôles, dans un film méconnu mais néanmoins intéressant à plus d’un titre, j’ai nommé « Le monde selon Garp » de Georges Roy Hill. Garp, c’est donc le personnage central, dont on suivra le parcours singulier tout au long du film. L’écriture du film (qui est une adaptation d’un roman de John Irvine) repose énormément sur les personnages, qui sont tous uniques, tous spéciaux, et on sent que les créateurs les aiment tous. Cette galerie de caractères atypiques offre beaucoup de possibilités aux comédiens, qui le rendent bien : c’est le cas de Robin Williams, tour à tour drôle, tendre, grave, faible, fort… il démontre déjà toute la palette de son jeu d’acteur. Les autres membres du casting méritent le même compliment : Glenn Close, Mary Ben Hurth ou encore John Litgow. Le monde de Garp se démarque aussi par son décalage par rapport à la réalité : on est presque constamment dans les extrêmes, chaudes ou froides, mais jamais tièdes ! La vie de Garp passe par tous les antipodes, tant au niveau comique que dramatique. J’ai beaucoup apprécié ce ton ironique, présent dès le début, avec des références sexuelles audacieuses dans des scènes d’enfants (« où en étais-je ? » « les érections persistaient » « merci »). Ce début est très drôle, et construit des personnages déjà très originaux : la mère féministe dans tous les extrêmes, le fils sans père qui rêve de voler. Le rapport de Garp avec la sexualité restera un thème important et réjouissant dans le long métrage (pensez à la scène avec la prostituée !)Au niveau dramatique, j’ai parfois eu un peu de mal devant les dénouements fort démesurés de certains enjeux. Ici, cela devient tellement disproportionné que je suis sorti du film, et j’ai eu un peu de mal à m’émouvoir pour ce qui se passait. Georges Roy Hill, sans être trop présent, met en scène efficacement tout le potentiel de ce film. Il y a des séquences purement imagées très réussies, dont le générique d’ouverture sous Beatles, que je trouve très réussi. Il y a aussi un montage impeccable, qui fait bien revenir les différents motifs selon l’évolution du film, là aussi aussi bien au niveau comique (la morsure du chien) que dramatique (la chute du toit). « Le monde selon Garp » est donc une œuvre au ton particulier, un autre regard sur l’Amérique contemporaine, une histoire aux personnages hauts en couleur, qui vaut la peine pour Robin Williams, et pour bien d’autres raisons également !