"Vivarium" est le deuxième long métrage du réalisateur irlandais Lorcan Finnegan. Alors que dans "Without name", son premier long métrage, le scénario n’avait été signé que par Garret Shanley, celui de Vivarium est le fruit d’une collaboration entre ce dernier et le réalisateur. Présenté à Cannes 2019 dans le cadre de la Semaine de la Critique, "Vivarium" s’est vu décerner le Prix Fondation Gan à la Diffusion.
En 1963, le chanteur folk américain Pete Seeger rencontra un grand succès avec la chanson « Little boxes » écrite un an auparavant par Malvina Reynolds et qui fut reprise en français, sous le titre « Petites boîtes » par le regretté Graeme Allwright. Dans cette chanson, Malvina Reynolds portait un regard satirique sur l’uniformisation des classes moyennes américaines habitant dans des banlieues aux maisons toutes similaires et transmettant leurs valeurs bourgeoises à leurs enfants. Près de 60 années plus tard, on retrouve ce schéma dans Vivarium sauf qu’ici la satire vire à une description cauchemardesque du phénomène de l’urbanisme horizontal, montré comme aboutissant à de véritables labyrinthes, à un univers carcéral duquel il est impossible de sortir une fois qu’on y est entré. Ici, contrairement à ce que dit la chanson qui parle de maisons « petites boites » aux plans identiques mais de couleurs diverses, vertes, roses, bleues et jaunes, dans le lotissement Yonder, avec ses allures de toile de Magritte, toutes les maisons ont la même couleur, une teinte verdâtre qui, par ses reflets sur les protagonistes, arrive à leur donner un air maladif. C’est dans ce lotissement Yonder qu’un couple se retrouve isolé, abandonné là par un agent immobilier, avec des sacs de nourriture livrés clandestinement devant la porte, avec même un bébé « tout fait » qui arrive de la même façon. Un bébé odieux qui grandit très vite, qui reprend la voix de ses « parents » et se met à hurler quand il a faim.
Cet univers carcéral, ce n’est pas sous la contrainte que le couple formé par Gemma et Tom est amené à le rejoindre. Enfin, pas tout à fait !! Jointes au rêve presque universel de devenir propriétaire de son logement, les nombreuses publicités pour les emprunts immobiliers sont une sorte de contrainte morale qui font craquer plus d’un acheteur potentiel. Un thème dont Lorcan Finnegan et Garret Shanley sont très friands puique Defaces, le premier court métrage de Lorcan traitait des publicités pour les emprunts immobiliers qui permettaient l’achat d’une maison dans un lotissement, et Foxes, le 3ème court-métrage, s’intéressait aux emprunteurs.
Le choix d’une science-fiction sans effets spéciaux pour parler de la vie dans un urbanisme horizontal totalement inhumain, pour parler aussi de la difficulté d’être parent, un univers absurde entre Franz Kafka, Boris Vian et Fernand Combet, Vivarium est un film qui risque de dérouter. Un film imparfait mais attachant.