Attention, Vivarium n'est absolument pas un gentil Feel-good-movie fantastique dans la lignée de "Un jour sans fin" ou "Truman show". C'est un cauchemar éveillé, assez éprouvant (dont j'essaierai de révéler le moins possible). La bande-annonce insiste sur l'étrange lotissement où nos deux personnages se trouvent enfermés. Et effectivement, toute une partie du film porte sur une lecture décalée de l'univers péri-urbain et de ses codes (l'impersonnalité de maisons identiques, les intérieurs sans goût, le petit jardin à la con, la voiture garée devant le trottoir, etc.). De ce point de vue, le film dénonce un monde aseptisé où rien n'a de goût ni de relief. Même les nuages ne ressemblent à rien d'autre qu'à des nuages. Ce monde sans limites est savamment conçu : ce lotissement a sa propre vie organique, il élimine ses déchets, incurve sa propre spatialité en dépit de toute logique, fait renaître instantanément une maison incendiée, etc. Mais ce que ne dit pas la bande-annonce, c'est l'importance de l'enfant, ou plutôt de "la chose". Et là, vous découvrirez l'un des êtres les plus abjects du cinéma récent (pensé volontairement par le cinéaste comme abject, je précise). Je ne peux pas trop en dire, mais la façon dont ce machin parle, crie, mange, regarde la télé, se promène dans les rues, regarde ses "parents" fixement faire l'amour, imite le chien, danse, etc. est tout bonnement effrayante. Le malaise s'accroît par le fait que l'on ne vous fournit aucune explication, et que vous n'en aurez jamais. Face à ça, les deux acteurs jouant les parents sont parfaits ; ils incarnent une normalité en phase avec l'idée du scénario et vrillent chacun à leur façon en un jeu pleinement maîtrisé (hormis une scène de dialogue un peu lourde vers la fin). Il faut me taire sur le dénouement final, mais si vous voulez passer une soirée légère et détendue, allez plutôt voir "La bonne épouse"... ;-) Une chose est sûre de mon point de vue : ce film conserve une indéniable présence dans la mémoire du spectateur, c'est sans doute le signe de son importance à plus long terme.