Le problème des films coréens, c'est qu'ils ont débarqué il y a plus de 10 ans avec des œuvres aujourd'hui devenus des classiques, des films, des petites bombes qui ont mis la moitié du pays sur la carte du monde. Bong Joon Ho, Park Chan-wook, pour ne citer qu'eux, ont eu les faveurs des distributeurs qui dans un premier temps, nous servaient une petite tuerie d'une fraicheur bienvenue à chaque fois. Si bien qu'un film après l'autre, bonjour Kim Jee-woon, bonjour Na Hong-jin, la joue tendue, impatient de prendre une nouvelle claque, mon inconscient faisait l'association aujourd'hui quasi-invincible voulant qu'un film coréen est indéniablement un objet grisant à la mécanique implacable, à l'ambiance absorbante, où le mélange des genres les plus improbables nous offre un cocktail inattendu et rafraichissant.
Malgré quelques déceptions, c'est donc dans cet état d'esprit, prêt à saliver devant tant de maîtrise, que je lançais ce rêve lucide.
Malheureusement, très vite, l'histoire me fait sortir des rails et cette enquête, somme toute classique d'un journaliste a la recherche de son enfant kidnappé, lorgne vers la science-fiction à travers la possibilité de fouiller dans son passé grâce aux rêves lucides. Ainsi, la technologie va transformer notre père abattu en détective du subconscient. A la recherche d'indices qui l'aiderait à retrouver sa progéniture, il revit donc ce triste moment, aidé dans sa quête désespérée par un flic revêche avec lequel il va tenter de dénouer tout ça.
Lucid Dream me rappelle finalement que comme partout, il y a des réussites et des ratés et que le cinéma coréen, bien qu'il m'ait conquis depuis longtemps ne déroge pas à la règle.
L'enquête classique aurait ici largement pu se suffire à elle même et les rêves lucides n'apportent rien d'autre qu'un vague souffle fantastique pour venir étoffer un thriller pantouflard à la résolution capillotractée. On est aussi loin du film policier à la noirceur abyssale que du film fantastique intelligent qui jouerait adroitement entre rêve et réalité. C'est un peu comme si la tension permanente de The chaser n'avait surtout pas voulu se mêler à la folie visuelle et intrigante d'Inception.
En résulte donc un film maladroit et décousu ou les genres se mélangent aussi bien que l'eau et l'huile. Pas un seul moment ne réussit à nous emporter et les enjeux pourtant dramatiques, n'ont pas assez de force pour retenir mes paupières. S'endormir devant un film sur les rêves lucides, lutter, revenir au moment où on a perdu le fil pour relier les images qu'on a vu en somnolant. Kim Joon-Sung serait-il, dès son premier film, un génie incompris ?