Pour une fois, Netflix coiffe la concurrence au poteau avec ce qui pourrait bien être l’un des meilleurs Survival de ces dernières années, même si le cinéma anglais s’est souvent singularisé par son approche ultra viscérale, mêlant extrême violence et folklore rural, du genre. Quatre hommes partent en randonnée dans le nord de la Suède, une manière pour eux de rendre hommage à un de leurs potes dont ils se sentent responsables du décès. Forcément, fatigués et grelottants après de longues journées de marche, ils empruntent un raccourci à travers bois. Forcément aussi, ils négligent les signes runiques gravés sur les arbres..et le cauchemar peut commencer…! Je sais qu’en matière de Survival, il est assez difficile de faire preuve d’originalité et de surprendre le public qui, avec un peu de pratique, sait d’instinct que la menace sera à la fois externe (le tueur ou la créature) et interne (la paranoïa, l’estompement de la cohésion de groupe)...mais tout est une question de soin apporté aux personnages et à l’ambiance et, à ce titre, la facette “Survival forestier� du film est aussi rigoureusement anxiogène qu’on pouvait le rêver, avec des personnages bien campés, une menace sourde qui progresse crescendo et un groupe de plus en plus désorienté et sur les nerfs : mine de rien, ‘Le rituel’ enfonce tout ce qui a été fait en la matière depuis ‘Le projet Blair witch’. Reste qu’aux deux-tiers du script, le scénario doit bien abattre ses cartes et c’est presque toujours à ce moment, quand le Fantastique fait irruption de manière ouverte à l’écran, que les choses se gâtent. Miraculeusement, ‘Le rituel’ maintient le rythme, notamment en réservant ses scènes les plus traumatisantes pour les toutes dernières minutes : lorsque la menace est enfin révélée, ce qui aurait pu souffrir de modestes moyens du film se révèle suffisamment saisissant, et parfaitement raccord avec l’heure et quart de mise en place qui a précédé, pour que son impact reste entier : au vu du nombre de petites productions d’épouvante plus réussies que la moyenne que j’ai vu ces trois dernières années, la nouvelle terre promise du Fantastique n’est donc plus l’Espagne ou la Corée, mais pourrait bien se situer aujourd’hui en Angleterre et en Irlande.