Le 31 août 2012 a eu lieu à Venise une page de l’histoire du cinéma : la première projection publique, dans le cadre de la Mostra de Venise, de "Wadjda", le premier long métrage officiel produit en Arabie Saoudite. Un film, qui plus est, réalisé par une femme dans un pays dans lequel la condition féminine est catastrophique et qui, à l’époque, n’était doté d’aucune salle de cinéma. Un film qui, au travers de l’histoire d’une jeune adolescente de 12 ans rêvant d’acquérir un vélo pour faire la course avec son copain, nous racontait beaucoup de choses sur l’Arabie Saoudite et, en particulier, les difficultés énormes vécues par les femmes dans ce pays. Le succès rencontré par "Wadjda" un peu partout dans le monde a permis à Haifaa Al-Mansour, sa réalisatrice, de se frotter à des débuts de carrière en Europe et aux Etats-Unis avec "Mary Shelley" et "Une femme de tête". Huit ans après "Wadjda", Haifaa Al-Mansour, de retour en Arabie Saoudite, nous présente dans "The perfect candidate" un état des lieux partiel d’un pays en pleine évolution. Attention : son film n’est pas du tout un panégyrique aveugle de la politique menée par Mohammed ben Salmane dans ce pays, c’est une peinture lucide des deux domaines que la réalisatrice a choisi de traiter, la situation de la femme et le domaine de l’art. En suivant ce film passionnant et important, on constate certes que des progrès notables ont été obtenus face aux autorités religieuses tant pour les femmes que pour les artistes, mais on constate aussi que, même dans ces domaines, il reste encore beaucoup de chemin à parcourir. Quant aux autres domaines, démocratie, utilisation de la torture, etc., on espère qu’un jour, Haifa Al-Mansour aura la possibilité et le courage de nous en parler. A moins que ce soit une autre réalisatrice ou un autre réalisateur ! A noter que c’est de nouveau à Venise que ce film a été projeté pour la première fois en public.