Après Mary Shelley, Haifaa Al Mansour s'attaque à une autre intrigue de femme rabaissée pour sa simple condition sexuelle, et le fait avec moins de poigne qu'attendu, sans pour autant que son film soit déplaisant, bien au contraire. Maryam est un médecin qui aimerait voir la route d'accès à son établissement autrement que noyée sous des litres d'eau boueuse, et se présente donc aux élections municipales afin de réaliser elle-même ce projet (comme personne ne semble se bouger pour les mourants...). Mais voici qu'explose toute la problématique de l'Arabie Saoudite lorsqu'on est une femme : on n'existe pas aux yeux des hommes intégristes (une sacrée partie de la population, à ce que l'on voit dans The Perfect Candidate), et les autres femmes ne peuvent pas nous soutenir (pas de droits, peurs de représailles de l'époux ou du tuteur légal...). On bondit de son fauteuil à la moindre allusion de l'infantilisation des femmes, qui ont un tuteur à vie (un parent masculin jusqu'à ce que l'époux prenne le relais), ne peuvent rien faire ni décider, une torture à voir pour qui rêve d'un peu (mais vraiment : ne serait-ce qu'un peu...) d'égalité et de respect entre les sexes. Mais justement, dans la dénonciation d'une situation inégale, on en attendait clairement plus. On s'étonne même d'entendre Maryam s'exclamer : "Je ne suis pas là pour parler de la situation des femmes ! Je suis là pour parler de la route !"... Nous, si, nous étions là pour parler des femmes, car la route nous semblait jusque-là un bon prétexte narratif pour amener le sujet. Mais, apparemment, nous nous sommes trompés, et dès lors l'on comprend que la critique sera légère, ce que confirme la suite du film, qui ne blesse pas vraiment, au profit de sa propre intrigue "routière". Ceci dit, le rythme de The Perfect Candidate est excellent, on ne s'ennuie pas et l'on s'offre même quelques beaux interludes musicaux grâce au personnage du père, on savoure quelques plans symétriques (les deux portes entre lesquelles Maryam fait des va-et-viens pour régler les problèmes techniques d'une fête, le dernier plan du film avec ce poteau qui vient séparer en deux l'image et derrière lequel la voiture de Maryam vient se cacher...). Et comment ne pas sourire tendrement à la dernière scène avec le vieillard bougon... The Perfect Candidate est très bien construit, bien interprété, mais il égratigne plus qu'il ne blesse...