Eh bien, je ne sais pas trop ce qui a inspiré Antonin Baudry pour faire un film de sous-marins, hormis son admiration avouée pour ce monde très particulier, mais le fait est qu’il a bichonné son bébé en s’occupant d’abord du scénario et ensuite de la réalisation. Le voici donc propulsé aux commandes de son premier film, comme pour signifier que personne n’avait le droit d’y toucher, pas même le droit de contester la moindre de ses décisions. A l’arrivée, c’est une bonne note récoltée auprès de la presse, mais il atteint surtout la reconnaissance du grand public. Près de 800 000 entrées en deux semaines d’exploitation seulement, ce qui peut représenter un véritable exploit quand on doit se frayer un chemin au beau milieu des gros produits commerciaux français tels que "Qu’est-ce qu’on a encore fait au bon Dieu ?" ou "Nicky Larson et le parfum de Cupidon", sans oublier bien entendu les grosses productions étrangères. Effectivement, je n’ai pas été déçu de cette plongée dans cet univers particulier. L’intrigue est très bien menée, au point que les 115 minutes passent sans aucun ennui. Alors bien sûr, une question risque de tarauder bon nombre de spectateurs : ce film est-il conforme à la réalité ? Eh bien si on se réfère à l’avis gracieusement donné par l’allocinéen Gwen29200, il semble que ce soit bien le cas : apparemment, Antonin Baudry s’est bien documenté sur la question. Tout en vous invitant à lire son laïus, je crois qu’il est de bon ton de le remercier parce qu’il est toujours intéressant d’avoir un commentaire avisé à propos d’un contexte que la grande majorité du public ne connait pas. Toujours est-il que par ce film, on se rend très bien compte de la promiscuité des lieux, ainsi que de l’importance de l’opérateur en charge du sonar. On comprend aussi que le commandant de bord, gradé duquel dépend chaque membre d’équipage, dépend lui-même de cet analyste. Par la même occasion, on prend conscience à quel point ce travail est difficile : la nuance de chaque son, sa structure mécanique, les pressions exercées par une situation potentiellement d’urgence… Tout cela est bien rendu, et en cela le travail de François Civil est je pense très bien fait. François Civil est donc au service de l’homme fort de ce film, personnage qui ne serait peut-être pas grand-chose sans ceux interprétés par Reda Kateb, Omar Sy et Mathieu Kassovitz (même si ceux-ci manquent cruellement de prestance en regard de leur fonction). A différents niveaux, les ordres sont les ordres et n’offrent aucune contestation possible. « Chaussettes », alias Chanteraide (François Civil) l’apprendra à ses dépens, suite à une romance que j’ai trouvée quand même un peu précipitée. Non pas que Diane, alias Prerry, ne soit pas charmante, bien au contraire. Mais bon j’ai trouvé que ça allait un peu vite en besogne. Oui je sais, un coup de foudre est un coup de foudre, et dans ce cas précis le héros du film se fait griller, mais c’est pour faire mieux rebondir l’histoire et cela va permettre de tenir en haleine le spectateur dans une intrigue qui risque de basculer à tout moment. Je soupçonne même d’avoir la réponse quant à ce qui a motivé Antonin Baudry à faire ce film : les limites de certaines procédures (une en particulier) jugées infaillibles. Après, je ne peux pas en dire plus afin de ne pas spoiler le film, mais ce que je dire en revanche, c’est que ce film est très efficace pour occuper deux heures de votre temps. En dépit du fait que la tension n’atteint pas tout à fait celle offerte par "A la poursuite d’Octobre Rouge" (ou tout du moins à un degré différent), il nous fait découvrir un monde que la plupart d’entre nous ne connaissons qu’à travers les films ou reportages. D’autant que le chant du loup, après avoir été clairement identifié par l’analyste, est un son qui revient régulièrement dans la musique. C’est d’abord discret, mais monte crescendo en force quand l’envie d’en savoir davantage du protagoniste se fait de plus en plus intenable. Le fait est que cette astuce permet de garder le spectateur accroché même dans la période où les marins ont mis pied à terre. Maintenant, nous savons qu’il y a des corps de métier qui réclament une hygiène de vie irréprochable. Et une discipline. Ceux qui voudraient rentrer dans l’armée, et plus particulièrement chez les sous-mariniers, sont prévenus.