En premier lieu, je demeure toujours épaté devant les prouesses technologiques militaires. Comme je reste admiratif envers tous ces sous-mariniers ; je n’ai pas idée de ce qu’ils vivent et ne les envie pas pour autant. Pour la petite histoire, j’ai été parachutiste et préférais de loin ma condition à celle de ces hommes enfermés dans un ventre d’acier sillonnant le fond des mers. Par contre, j’envie les astronautes, aussi embarqués dans une carcasse de fer naviguant dans un espace hostile. Bref, « Le chant du loup » m’a appris qu’il y avait des soldats spécialisés dans l’analyse acoustique : «experts en guerre acoustique ». Encore plus épaté ! On parle même de signature acoustique ! A ce propos, quand Chanteraide repère la signature acoustique du clavier d’un ordinateur, je suis resté sans voix. Des oreilles d’or en effet. « Le chant du loup » n’est pas un épisode de Mission Impossible ! On a affaire à du réel. C'est du sérieux ! Cependant, dois-je retenir que ça dans ce film qui ne manquait pas de rythme ? Ben ouais ! Je m’attendais à plus de séquences sur ce sujet et non pas cette confrontation franco-française. Car à bien y regarder, sans parodier nos regrettés « Guignols de l’Info » quand ils brocardaient l’armée française, il y a comme un côté ridicule de la situation : « ils se mettent sur la gu**** » au final. Ce film documenté sans aucun doute, assaisonné d’une romance pour en faire un film efficace n’a pas trop fonctionné sur moi, et ce, en raison de quelques séquences peu convaincantes. Pourtant, ça partait rudement bien mais quand le sous-marin fait surface avec Grandchamp et son lance-roquette et les balles qui heurtent la carlingue sans le toucher, je trouvais limite risible. Une parodie de OSS 117 ? Je veux bien qu’on apporte un peu d’épique à un récit qui se targue d’être réaliste, mais cette scène-là décrédibilise son aspect réaliste. Et pour le coup, si d’aucuns reprochent une romance inutile entre Chanteraide et Diane, je la préfère à cette scène-là. Une parenthèse me dis-je. Ce n’est pas bien grave car le film prend des allures d’un thriller quand Chanteraide enquête sur ce son suspect qu’il n’a pas su détecter. S’ensuivent de nouveaux tests de compétence pour intégrer une nouvelle mission. On profitera de cette mission pour développer la relation Grandchamp-Chanteraide me dis-je. Ben non. Et ce sera aussi un des défauts du film en ce qui me concerne, les personnages sont peu fouillés et sans vouloir faire un mauvais jeu de mot, le réalisateur a décidé de les brosser qu’en surface. Entendu, c’est un choix, c’est son choix ; celui sur lequel on doit s’attarder c’est Chanteraide. L’idée d’enfumer les forces françaises était une bonne idée. Toute cette activité pour inciter Grandchamp à revenir sur sa position alimentait correctement l’intensité du film, et l’on s’aperçoit que l’orde est irrévocable et cela en dit long sur l’enfer du devoir ou sur la décision soi-disant réfléchie d’un homme à la plus haute fonction de l’Etat ou plus précisément une décision prise après interprétations de ses conseillers militaires et politiques. Antonin Baudry s’est documenté sans aucun doute mais je me suis posé la question sur la remontée en surface de Chanteraide : quelle est la part du réel et de l’épique ? Certains crient à l’invraisemblance de cette scène concernant la dépressurisation. Mais je suis prêt à accepter ce postulat. Par contre, j’aurais aimé que le réalisateur nous ponde un film de science-fiction ou de politique-fiction. Qu’il aille au bout de son propos. Au lieu de cela, on assiste à une bataille de chiffonnier entre deux sous-marins français ! J’aurais aimé que l'on termine sur une note pessimiste, sur cette interprétation funeste, sur cet ordre irrévocable. Donner aux spectateurs de quoi réfléchir sur le terrorisme nucléaire. Stanley Kubrick, lui, sous des dehors de la farce, ne s’en était pas gêné avec son « Docteur Folamour », alors en pleine guerre froide. « Le chant du loup » est tout de même un très bon divertissement à la Française, et Baudry a globalement maîtrisé son sujet, lequel n’était pas évident à traiter, et surtout j’ai appris. A noter un bel effort sur la qualité de la photos, là aussi pas évident à restituer dans des lieux aussi exigus, peu éclairés et immersifs. J’ai tout de même passé un bon moment. Seulement, je ne serai pas de ceux qui hurle d’enthousiasme à ce « Chant du loup ». Désolé si j’ai plombé l’ambiance.