Une chose est sûre, avec « Le chant du loup », on voit une rareté dans le paysage cinématographique français. Déjà que le film de sous-marin est très rare sur grand écran (tout au plus une vingtaine de titres depuis que les Lumière ont inventé le cinéma) mais c’est une première pour le cinéma hexagonal. Et c’est une franche réussite, d’autant plus louable que c’est le premier film d’Antonin Baudry. Et il y a une telle impression de réalisme qui transpire à travers chaque séquence, que ce soit sur l’aspect technique, dans les dialogues ou même les opérations décrites, qu’on ne peut que saluer la tonne de recherches certainement faites en amont pour approcher au plus près de ce que vivent ces officiers français dans les sous-marins. En cela, le scénario propose une foultitude de détails, parfois étonnants, souvent instructifs, et une exactitude dans ce qu’il décrit qui ne saurait souffrir d’aucune critique. Et c’est peut-être parfois le défaut du film, quand on ne s’y connait pas dans le domaine comme la majorité des spectateurs, il ne faut pas chercher à comprendre tous les actes et le jargon des personnages au risque d’être perdu mais plutôt se laisser porter par la force de l’intrigue générale.
Et celle-ci nous happe dès les premières minutes et nous tient en haleine jusqu’à la toute fin avec une tension qui monte de manière exponentielle. La première séquence qui présente le personnage au centre de l’histoire, en l’occurrence celui qu’on appelle « l’oreille d’or ». Un personnage sur qui repose visiblement une très lourde responsabilité. Incarné par François Civil, la nouvelle star montante masculine du cinéma français (quatre films cette année !), on découvre sa grande utilité dans ce microcosme si particulier. « Le chant du loup » est donc autant un thriller d’espionnage militaire prenant pour toile de fond une guerre de renseignements entre nations très en phase avec la géopolitique actuelle qu’un documentaire sur ces monstres des mers que sont les sous-marins et ceux qui les peuplent. Après avoir vu le film, on comprend à quel point ces immenses engins aquatiques sont primordiaux dans les conflits armés contemporains. On voit aussi comment la vie de ces officiers n’est pas une partie de plaisir et à quel point leur vie est cadrée et tout entière vouée à leur métier. C’est passionnant, surprenant aussi et surtout ça éclaire vraiment notre lanterne en détail sur le sujet.
L’histoire d’amour en second plan apparaît quelque peu inutile mais tout le reste du film ne souffre d’aucune chute de rythme, captant notre attention pour ne plus jamais la lâcher et nous mettant sous tension deux heures durant. Omar Sy, Matthieu Kassovitz et Reda Kateb, qu’on n’attendait pas là, sont dans des contre-emplois bénéfiques et parviennent à rendre crédibles leurs personnages. Et franchement, avec leur passé d’acteurs respectifs, ce n’était pas gagné. Toute l’histoire, sous forme d’anticipation politique, est intéressante et on est souvent cloué à notre siège, notamment quand les personnages doivent prendre des décisions cruciales qui vont influer sur la géopolitique de notre monde et sur leur âme d’homme et de militaire. Le script vulgarise bien ses enjeux de manière à ne laisser personne de côté et c’est important. Loin du spectaculaire à tout prix comme aurait pu le faire Hollywood, « Le chant du loup » impressionne par son souci du détail et de vrais décors et engins de l’armée française. Les recherches faites par le cinéaste et son équipe en amont ont donc été bénéfiques et servent la fiction. Une belle surprise pour un cas d’école dans le 7ème art hexagonal.
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