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    The Souvenir - Part I
    Anecdotes, potins, actus, voire secrets inavouables autour de "The Souvenir - Part I" et de son tournage !

    Puiser dans son vécu

    Si Joanna Hogg ne considère pas The Souvenir comme autobiographique, le film est né de sa volonté d’évoquer par la fiction ses propres débuts de réalisatrice bousculant les convenances. D’où le personnage de Julie, à la fois réservée et ambitieuse, qui s’affirme comme artiste, tout en étant fascinée par le charisme intellectuel d’un homme dont les apparences sont trompeuses. La réalisatrice précise : "J’ai eu l’idée de ce film en repensant à mes débuts de cinéaste. C'est devenu l’histoire d’une femme qui commence tout juste à être reconnue à sa juste valeur en tant qu’artiste."

    La fille de Tilda !

    Joanna Hogg a eu du mal à trouver l'interprète de Julie et a fait de nombreux castings avec des professionnels et des non-professionnels. Bien que le personnage s’inspire, très librement, de la réalisatrice, elle ne voulait pas engager quelqu’un qui lui ressemble forcément.

    "Un jour, alors que je parlais de The Souvenir à Tilda, Honor Swinton Byrne s’est mise à me raconter ce qu’elle vivait en tant que jeune femme. Pendant qu’elle me parlait, j’ai soudain vu Julie chez elle. Julie est empathique et ouverte sur les autres, quelles que soient leurs origines. J’étais consciente que c’était une décision importante pour elle parce qu’elle n’avait jamais campé un rôle aussi important et qu’elle n’avait pas envisagé de devenir actrice."

    L'Angleterre des années 80

    The Souvenir est ancré dans une époque particulière : le début des années 1980. L’Angleterre traverse alors une période de mutations radicales, au cours de laquelle la doctrine thatchérienne remodèle l’économie britannique en profondeur, ouvrant la voie à une ère d’austérité et de déréglementations. Les fractures sociales s’aggravent, mais le militantisme politique se renouvelle.

    Le chômage augmente, mais les ambitions de la population gagnent en audace. Les attentats de l’IRA se multiplient, les mineurs se mettent en grève, mais on assiste à la renaissance de Londres avec le mouvement post-punk donnant lieu à une plus grande diversité culturelle. Bien que Julie se sente transportée dans un autre monde quand elle est avec Anthony, elle est aussi le produit de son époque.

    Immersion dans les années 80

    En amont du tournage, Joanna Hogg a demandé aux comédiens de se plonger dans plusieurs œuvres artistiques – livres, albums, films. Elle leur a aussi confié des objets très personnels comme ses journaux intimes de jeunesse et ses carnets de note. Le cinéaste déclare : "J’ai confié mes journaux intimes du début des années 80 à Honor. Je lui ai donné des photos que j’avais prises à cette époque, ainsi que mes premiers courts métrages."

    Le climat artistique des années 1980 est aussi palpable à travers la musique qu’écoute Julie dans son appartement, de Joe Jackson aux Psychedelic Furs. "J’écoutais pas mal de Joe Jackson à l’époque. Je voulais évoquer l’atmosphère des années 80, mais pas de manière servile et systématique. Il s’agissait plutôt d’une évocation de l’époque, même si on a presque l’impression que le film se déroule de nos jours", raconte Joanna Hogg.

    Une amie de longue date

    Joanna Hogg savait très en amont qu’elle souhaitait confier à Tilda Swinton, amie de longue date, le rôle de la mère de Julie. La cinéaste explique : "J’ai connu Tilda à l’époque où se déroule le film, et elle est marquée par ses propres souvenirs de cette époque, si bien que je me disais qu’elle saurait insuffler à son personnage le climat de ces années-là. Elle a aujourd’hui l’âge qu’avaient nos mères à l’époque."

    "On parle souvent de la génération de nos parents, qui a connu la Seconde Guerre mondiale, du fait qu’il s’agit d’une génération en train de disparaître et qu’il est important de bien cerner sa singularité. C’était l’occasion rêvée pour reprendre certaines de ces idées et les mettre au service d’un projet. Cela témoigne de la volonté de Tilda de ne pas séparer totalement la sphère personnelle de la sphère professionnelle."

    Reconstitution

    The Souvenir se déroule en grande partie dans l’appartement de Julie, encombré de livres. Son style s’inspire de l’appartement qu’occupait la réalisatrice au début des années 1980. Néanmoins, comme le lieu était inaccessible, Joanna Hogg a entièrement reconstitué son ancienne chambre d’étudiante sur un hangar de la Royal Air Force. Elle se rappelle :

    "C’était assez étrange de reconstruire un appartement où j’ai vécu autrefois à partir de mes souvenirs et de mon ressenti de cet endroit. C’était aussi la première fois de ma carrière que je construisais un décor parce que j’ai toujours tourné en décors naturels. On s’y est pris étape par étape, car il m’arrivait de débarquer sur le plateau et de faire remarquer que la pièce était plus étroite et, du coup, on rectifiait le tir pour se conformer à mes souvenirs."

    Scorsese producteur

    The Souvenir est produit par Joanna Hogg et Luke Schiller qui a été directeur de production sur Archipelago, troisième long métrage de la réalisatrice. Par ailleurs, Martin Scorsese et son associée Emma Tillinger Koskoff ont accepté d’assurer la production exécutive du projet.

    Un Orson Welles jeune

    Pour Anthony, personnage tour à tour séduisant et odieux, Joanna Hogg a choisi Tom Burke, qui a joué le frère de Ryan Gosling dans Only God Forgives et Dolokhov dans la série Guerre et paix. La cinéaste a trouvé chez l’acteur une proximité physique et affective avec le personnage – capable d’être élégant et drôle quand il enfile le manteau de Napoléon, mais aussi sombre et sournois lorsqu’il part en vrille :

    "En imaginant le personnage, je voulais quelqu’un qui ressemble à Orson Welles jeune, mais je me suis rendu compte que ce genre de personnes n’existe plus. Et pourtant, Tom m’y fait un peu penser physiquement. Il s’est également approprié facilement le personnage, il était très instinctif et à l’aise pour les impros. J’étais convaincue d’entrée de jeu qu’il allait s’emparer du rôle, et je ne me suis pas trompée."

    Pour l'anecdote, Tom Burke a réellement joué Orson Wells dans Mank de David Fincher !

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