Je l’avoue sans rougir : à sa sortie en 2008, j’avais passé un excellent moment devant le premier Mamma Mia. Meryl Streep avait définitivement prouvé qu’elle était la reine incontestable de la comédie musicale, le trio qu’elle formait avec Christine Baranski et Julie Walters fonctionnait à merveille, et j’avais passé tout le film à battre la mesure en écoutant tous ces tubes d’ABBA, qui sont sortis bien avant que je sois née mais que je connais par cœur. Alors, même si en apprenant qu’une suite allait sortir, je me suis très franchement demandée comment cela était possible (quelle histoire ? quelles chansons ?) voire à quel point c’était inutile, je n’ai pas pu résister à l’envie d’aller le voir au cinéma. Et heureusement, puisque verdict : aucun regret. Comme on peut s’y attendre, l’histoire est encore plus bancale voire inexistante que dans le susmentionné premier film, puisqu’elle est de manière assumée un prétexte pour enchaîner les tubes d’ABBA. Et pour rester sur ce sujet : puisque tous les tubes les plus iconiques d’ABBA avaient été utilisés dans le premier film, je comprends qu’il ait été un peu inévitable d’en réutiliser certaines ici ; cependant, j’ai parfois trouvé cela un peu facile, d’autant que l’utilisation de morceaux plus exotiques était souvent pertinente. Par exemple, la scène « When I Kissed The Teacher » est ridiculeusement efficace, « Andante, Andante » est pour moi le meilleur passage musical du film, et « My Love, My Life » crée un bel (et inattendu) instant émotion, alors qu’il s’agit de morceaux moins connus et inédits dans les films. D’ailleurs, de manière générale, les mises en scènes ont tout ce qu’il faut : kitsch, dynamiques, extravagantes, elles en mettent plein la vue et justifient l’existence du film. Il est certes dispensable, mais pourquoi bouder son plaisir ? Enfin, au niveau des personnages et des acteurs : les hommes sont toujours autant des figurants, qui en soi ne servent à rien mais font sourire dès qu’ils apparaissent malgré tout, et les femmes (Amanda Seyfried par exemple, que je n’ai pas encore citée) déjà présentes dans le premier film sont et font exactement ce à quoi on s’attend. Mais je me dois de tirer un coup de chapeau à Lily James. Je l’ai trouvée fantastique dans ce film. Je ne l’attendais absolument pas dans ce registre : elle dégage d’habitude, et exactement comme dans Cendrillon, quelque chose de très calme, doux, gentil, un brin naïf ; et tout d’un coup, on se trouve face à une jeune Donna encore plus solaire que les décors, joueuse, malicieuse, et explosive dans les chorégraphies. Elle donne l’impression de s’être totalement lâchée et d’avoir pris un plaisir fou à jouer son personnage, ce qui est extrêmement communicatif. Sa voix m’a surprise également, avec des intonations et une sorte de vibrato jazz incroyablement bien dosés. Bref, Meryl Streep n’apparaît peut-être que dix minutes (et elle n’a pas besoin de plus pour tirer les larmes de toute l’assistance, soit dit en passant), mais il n’y a aucune déception à avoir : Lily James porte le film de bout en bout avec brio. J’espère vraiment qu’elle aura l’occasion de jouer dans d’autres comédies musicales dans le futur. J'écrirai ceci pour conclure : un des plus beaux compliments que l’on puisse adresser à un film, de mon point de vue, est de dire qu’on a non seulement envie d’aller le revoir, mais aussi qu’on voudrait retourner au cinéma dès le lendemain pour en voir n’importe quel autre. Et malgré son histoire écrite sur un post-it et son côté un peu dispensable, il s’agit exactement de l’effet que Mamma Mia 2 a eu sur moi. Je dirais donc que le pari est entièrement réussi.