Les tchèques se plongent à leur tour dans leur passé au travers du destin de l'une de leurs compatriotes, Ludmila Babková, devenue star du cinéma allemand et maîtresse de Goebbels. La réalisation est soignée, la reconstitution impeccable, les acteurs parfaits, même si ceux qui interprètent Hitler et Goebbels ne ressemblent guère à leurs modèles. Ce film est toutefois étrangement lisse et politique correct. Il manque singulièrement d'ambigüité. Il manifeste aussi beaucoup d'indulgence vis à vis de l'héroïne. Ludmila Babková ne s'est en effet pas contentée de ses relations à avec le ministre d'Hitler, elle a tourné dans des films de propagande nazis à une époque où on envoyait les Juifs, les communistes et les socialistes dans des camps. A en croire ce qu'on peut lire sur elle, Ludmila Babková était avant tout une arriviste prête à tout pour sa carrière. Son erreur a été de ne pas partir pour Hollywood, dans le camp des futurs vainqueurs, comme l'a fait Marlène Diétrich. Sans doute, à la fin de la guerre, dans les pays libérés de l'occupation allemande, un esprit de vengeance a fait des femmes qui avaient eu des relations intimes avec des Allemands des cibles privilégiées pour assouvir la colère et la frustration populaire. On l'a vu en France avec les femmes tondues en public. Les collaborateurs économiques, grands patrons et hauts fonctionnaires, ont bénéficié de davantage d'indulgence. Ludmila Babková a été victime de ce contexte. Il est clair qu'elle ne méritait pas une condamnation à mort. Mais, là où le film fait preuve d'une certaine complaisance, c'est quand il montre l'officier soviétique qui l'interroge comme un véritable tortionnaire. Ce qui permet de dédouaner les Tchèques et de taper sur les Russes qui vont eux-mêmes occuper plus tard la Tchécoslovaquie, après l'avoir pourtant libérée en 1945. Cette vision flatte donc l'opinion tchèque. Le destin de Ludmila Babková évoque celui de Mireille Balin en France qui, elle, n'avait pour amant qu'un officier autrichien qui n'était pas nazi. La réflexion du réalisateur tchèque sur cette période reste limitée. S'il évoque la Nuit de cristal et les pogroms de Juifs, épisode incontournable, il n'évoque pas la répression qui avait commencé bien avant contre les communistes et les socialistes. Les relations au sein du petit monde du cinéma ne sont guère développées. Au final, une belle illustration de la vie de cette star déchue, mais qui manque beaucoup de profondeur.