"Guns Akimbo" est un délire de geek plutôt jouissif et bizarroïde, qui se permet de déconstruire totalement la forme des canons hollywoodiens. Le concept donne envie : dans un futur proche, un jeune homme ordinaire devient le protagoniste principal d'un site qui fait fureur sur le dark web, et qui propose de la violence à ses spectateurs. Il se réveille en peignoir et chaussons avec deux flingues greffés à ses mains et il a pour mission d'éliminer une killeuse redoutable à travers la ville, épié de près par des drones et autres followers. Rapidement, j'ai pensé à "Nerve" ou "Ultimate Game" qui partent du même principe d'un jeu vidéo en ligne à taille humaine. On s'attend du coup à des débordements et à une frénésie qui ne tardent pas à apparaitre. Jason Lei Howden, dont c'est le deuxième film, s'est fait plaisir en s'émancipant des normes et de la bienséance habituelle. C'est barré, violent, fun, sans pitié et les mouvements de caméra en mode looping excitent notre appétit de spectateur. La majorité des bonnes idées est exposée d'emblée, dans une première partie décapante et absurde, où Daniel Radcliffe se prête à fond à cet esprit décalé. D'ailleurs, je trouve qu'on oublie totalement le visage d'Harry Potter (contrairement à d'autres films), et en cela, on peut dire qu'il livre une bonne prestation de victime/loser maladroit. S'empilent alors une série de combats sanglants et borderlines, participant activement à l'abrutissement d'une population connectée, dénuée de toute empathie. C'est drôle parce que notre héros malgré lui n'aime pas la violence et a du mal à comprendre les règles. L'affrontement face à son adversaire, la sulfureuse Samara Weaving, déjantée, promet un bon spectacle. Le rythme effréné peut être un peu épuisant pour ceux qui n'ont pas l'habitude mais les férus d'action sont amplement servis ! Malheureusement, la seconde partie dévie vers un scénario plus conventionnel, axée sur la vengeance, les règlements de compte et l'arrivée de personnages secondaires pas très intéressants. Tous ces éléments viennent alors ralentir le rythme et font naitre une ennuyeuse sensation de déjà-vu. "Guns Akimbo" perd de sa loufoquerie et de sa spontanéité dans son final, ce qui le fait rejoindre la trop longue liste des films à concept originaux mais au résultat pas vraiment remarquable. Néanmoins, la présence énergique, démesurée et sans filtres de Daniel Radcliffe fait plaisir à voir et nous pousse inconsciemment jusqu'au bout, tout comme sa partenaire badass et haute en couleurs !