« Le retour du héros » ou comment créer un héros. Voilà un film que n’aurait pas renié Jérôme Cahuzac, l’ex Ministre de l’Economie et des Finances. On raconte que Laurent Tirard aurait eu des difficultés pour monter son film ; des producteurs l’auraient découragé, les films en costumes n’intéresseraient plus personne. Ben si ! Moi, ça m’intéresse beaucoup. Je suis friand des films en costumes, de cape et d’épée, comme « Cartouche », « Les Mariés de l’An II », « La Révolution Française », « Le retour de Martin Guerre », « Les Chouans » par exemple. Laurent Tirard avait déjà fait un film en costumes : « Molière » que j’avais bien apprécié par son approche originale. « Le retour du héros » est un film charmant et rafraîchissant. Bien écrit, avec des répliques savoureuses et d’une drôlerie acerbe. Jean Dujardin fait certes du Jean Dujardin, et alors ? Jean-Paul Belmondo faisait du Jean-Paul Belmondo et Louis de Funès faisait du Louis de Funès et c’était dans l’ensemble plaisant. Pour Jean Dujardin, on connaît tous sa palette de jeu. En tout cas, la comédie lui sied à ravir. Et aussi étrange que cela puisse paraître, il n’en fait pas trop. Et ce grâce à la direction d’acteur de Laurent Tirard. Ce n’est pas du tout un Jean Dujardin qui cabotine. Il joue tout simplement. Cette direction d’acteur est responsable du jeu de Mélanie Laurent. Pour sa première incursion dans la comédie, c’est franchement réussi. Son interprétation tout en sobriété, elle le doit à son réalisateur. Quelle force dans son personnage, Elisabeth Beaugrand. On perçoit clairement sa rage contenue. Mais quand celle-ci explose, c’est jouissif. La séquence
où elle s’entend demander en mariage
est tout bonnement splendide. Le duo entre le capitaine Neuville et Elisabeth Beaugrand fonctionne à merveille ; d’un côté les jambes, de l’autre la tête. Une comédie où l’on sourit beaucoup (je n’ai pas le rire facile) mais non dénuée d’une petite dose d’émoi. Le récit de la bataille d’Essling. Un léger suspens introduit le récit, puis l’émoi prend sa place au cours du récit ; Elisabeth, l’instruite, l’inventive, la redoutable se voit fragilisée d’une part pour avoir réalisé que sa manigance met en difficulté le capitaine Neuville, le crétin flamboyant, et d’autre part pour réaliser combien la bataille d’Essling était une boucherie, laquelle pouvait aussi justifier le comportement de Neuville. Un passage captivant. Déjà on tremble pour le capitaine Neuville, comment va-t-il se sortir du piège tendu par Elisabeth ? Oui, je n’ai pas envie, et je suppose que je ne suis pas le seul,
que son usurpation soit dénoncée
. Alors, il trouve comme s’il fouillait dans ses souvenirs. Un souvenir douloureux. C’est captivant. Est-il sincère ou dupe-t-il habilement son assistance ? Le jeu de Dujardin sort de la comédie le temps de cet épisode des guerres napoléoniennes pour effleurer le drame. Une parenthèse émouvante. Cela prouve la qualité de la direction d’acteur et de sa mise en scène. A cela s’ajoute une musique aux accents de western déconcertante. Il est vrai que le capitaine Neuville et Elisabeth Beaugrand s’affrontent souvent en duel. En parlant de duel, il y en a un qui n’est pas piqué des vers ! A découvrir. Enfin, une mention à Evelyne Buyle pour ses interventions savoureuses et à Noémie Merlant.