Un semi barbon (la quarantaine bien sonnée - même s'il la porte beau), se fiance avec un ex-tendron (la très grosse vingtaine), à bel héritage probable. Toujours officier subalterne (chez les hussards) à une époque (les guerres napoléoniennes) où la bravoure sur les champs de bataille offrait de très nombreuses occasions de monter rapidement en grade - ce qui renseigne d'emblée sur le personnage.... le capitaine Neuville (Jean Dujardin, fort à l'aise en matamore hâbleur) part dès les accordailles rejoindre ses hommes (nous sommes en 1809). Les mois passent sans que le militaire se manifeste d'une quelconque façon. Pauline (Noémie Merlant), la fiancée, s'étiole. Elisabeth (Mélanie Laurent), son aînée, se lance alors, pour lui remonter le moral, dans le récit épique des exploits supposés de l'absent, ayant enchaîné prétendument belle conduite lors de la campagne d'Autriche, et mission secrète aux Indes (comptoir de Pondichéry), où il a d'ailleurs fait fortune ! La jeune femme se prend au jeu, dotée qu'elle est d'une riche imagination, étoffant semaine après semaine sa fable épistolaire. Jusqu'au jour où elle y met un terme plausible, faisant annoncer par le "héros", dans son ultime lettre, une situation désespérée. La fiancée éplorée se console avec un voisin de son âge, l'épouse et est bientôt mère - deux fois. On est alors en 1812, quand Elisabeth tombe, à la descente d'une diligence, sur Neuville, de retour au pays, en vagabond.... Laurent Tirard renoue avec le film en costumes ("Molière", voire le "Astérix" de 2012), pour ce "Le Retour du héros". Sur un argument rappelant "Le Colonel Chabert" (mutatis mutandis, car le héros balzacien laissé pour mort après Eylau n'a pas grand chose à voir
avec le déserteur d'Essling..
.), LT et son coscénariste bâtissent un vaudeville, évoluant même, en "morceau de bravoure", vers le western (!) -
épisode de la charge des "cosaques",
soutenu par une musique ironiquement ad hoc, et mâtiné d'
une escroquerie à la Ponzi,
aux échos, eux, très contemporains. Tirard est loin, contrairement à certains commentaires pros trop flatteurs à cet égard, de ressusciter la vivacité et l'excellente manière d'un Rappeneau (si rare et talentueux), ou d'un Philippe de Broca (disparu en 2004), dans des registres (plus ou moins) comparables. Mais son film se laisse voir avec un certain plaisir - c'est indéniable. Qui fait passer outre les incohérences d'écriture, la relative paresse de celle-ci, le dialogue insuffisamment soigné, et une mise en scène assez peu inventive.....