Très franchement, compte tenu du divertissement sympathique et hautement imaginatif qu'était le premier et le semi chef d’œuvre qu'était le deuxième opus de la saga Del Toro, le tout en excluant la suite annoncé, il y avait de quoi froncer les sourcils quant à l'annonce de cette nouvelle adaptation (j'ai été un des premiers à le faire) car personne ne daigne détrôner sieur Del Toro et l'empêcher de conclure une saga qui a déjà fait ses preuves...
Et bien franchement, c'est la première fois dans toute ma vie de viewers que je suis autant en désaccord avec la critique presse comme spectateur. Neil Marshall n'a pas fait preuve d'arrogance ni de prétention en entendant concurrencer Del Toro, il en avait juste manifestement une belle paire à exhiber que personne ne soupçonnait et il a eu bien raison de le faire, car cet hellboy... Mon dieu cet hellboy... Quelle baffe
Les films de Del Toro étaient qualitatifs et avaient une forte personnalité, mais ils étaient aussi très imparfaits, trop lisses, trop politiquement corrects et parfois limites enfantin tant sur le fond que sur la forme, c'était plus subtils mais les personnages étaient trop charmants pour êtres vrais. Cet Hellboy nouveau est crade, fait fit de toutes formes de bienpensance et de bon goût ce qui colle parfaitement au personnage et à l'intrigue. La dualité qui sommeil en hellboy due principalement à son rejet de la société humaine est beaucoup plus forte.
En parlant de personnalité, dieu que ce film en a, c'est bien simple, même si ce film a l'étoffe d'un gros blockbuster hollywoodien traditionnel, il en exclue les 3/4 des codes, clichés quasi inexistants, personnages à la fois tarés, grossiers dans leur vocabulaire et faisant fit de toutes formules "cool" américanisantes faites pour êtres répétées dans les cours de boutonneux sans identité propres. A la place on a un gore encore jamais vu, des personnages aux imperfections très... Humaines et réalistes, parfois traitres, (dans une scène en particulier que j'ai trouvé proprement jouissive) ambigus voir mesquins (superbe Daniel Dae Kim) grande gueule et téméraires (Ian Mcshane, le papy toujours aussi badass et désinvolte) des scènes parfois dégelasses et un humour certes lourdingue, mais toujours bien senti.
Hellboy 2019 raconte de façon explicite, détaillée et à juste titre peu nuancée, l'histoire d'un type qui de part ses origines lointaines... Très lointaines ne parvient pas à s'intégrer et donnant ainsi l'impression de retourner sa veste au nez de ses semblables démoniaques... Mike Mignola et Del Toro ont déjà raconté cette histoire, mais Neil Marshall et son scénariste (dont j'ai hélas oublié le nom) ont su donner le ton, tant sur le plan graphique que sur celui de l'écriture, la justesse parfaite pour traiter de ces sujets.
Attachant, vulgos, gore, irrévérencieux, spectaculaire et très créatif ce rougeaud nouveau est un excellent cru que je ne saurais trop vous recommander de vous enfiler sans attente ni modération. Burp