Sorti la même semaine que « Pokémen Détective Pikachu » et nettement moins apprécié que ce dernier, « Hellboy » n'est pourtant pas beaucoup plus mauvais. Si les univers sont évidemment différents, on retrouve beaucoup de lacunes communes à ces deux titres conçus pour un large public. Seulement, alors que le premier nommé avait au moins pour lui d'être « nouveau », ici les deux aventures signées Guillermo del Toro sont passées par là, et même si je n'en ai qu'un souvenir éloigné, la comparaison ne joue clairement pas en faveur de ce dernier. Cela écrit, je me demande si même si ça n'avait pas été le cas, le regard eut été différent. On peut même s'interroger sur l'ensemble du projet : doté d'un nouveau réalisateur et acteur, évoqué depuis si longtemps que plus grand-monde ne s'en préoccupait au point d'en devenir un non-événement total, ressenti ayant visiblement déteint sur l'ensemble du projet. Parmi les nombreux griefs : le scénario. Au moins ne fait-on pas semblant de lui donner de grands airs : hormis une introduction vaguement potable (et encore), ça sent le « rien à battre » presque du début à la fin, à la limite du mépris dans certains aspects et « explications », la légende arthurienne ayant bon dos pour faire passer un peu tout et n'importe quoi. Presque aucune originalité, mal pensé, mal construit, avec toujours une solution pour tout... Hormis une poignée d'idées (les atermoiements du protagoniste, rarement bien intégrés), d'images réussies, pas grand-chose à sauver. Le second problème, moins important mais quand même : David Harbour dans le rôle-titre. Sans être mauvais, celui-ci n'a clairement pas la carrure ni la prestance de Ron Perlman, faisant du héros un personnage débonnaire, presque fade, l'écriture de ses dialogues (comme ceux des autres, d'ailleurs, pas de jaloux, à l'exception éventuelle de Ian McShane) n'aidant pas non plus pour assurer la relève dignement. Reste la mise en scène : malgré un univers infiniment moins riche et des effets numériques outranciers très inégaux, Neil Marshall (bien qu'un peu surestimé, « The Descent » et même l'étonnant « Doomsday » plaide plutôt en sa faveur), quitte à être parfois illisible, fait preuve d'un certain panache, notamment à travers plusieurs plans-séquences appuyés mais plutôt fun. Dire que je me suis ennuyé serait mentir : ces deux heures ne sont pas un supplice. Maintenant, voir un super-héros aussi atypique, étonnant, être réduit à un blockbuster aussi basique, sans aspiration et trop mal écrit pour que son humour fonctionne ne serait-ce qu'un peu, c'est assez triste. Au vu de son très gros échec au box-office, les aventures du (demi-)démon devraient s'arrêter là : tant mieux, elles ressemblaient de plus en plus à une descente aux Enfers...