Sur le moment, "Richard says goodbye" laisse une bonne impression. Bien que l'histoire sente le déjà-vu, la performance de Johnny Depp ainsi que l'émotion forte des dernières scènes font la différence. "50/50" de Jonathan Levine, "Deux jours à tuer" de Jean Becker ou encore "Nos étoiles contraires" de Josh Boone, pour ne citer qu'eux, introduisent l'annonce d'une maladie incurable à leur personnage principal. Ce qui devrait tendre directement aux larmes est souvent traité avec parcimonie, humour et décalage. Ici, on observe le caractère changeant et imprévisible d'un professeur de littérature qui apprend, dès la première scène, qu'il lui reste six mois à vivre. Segmenté en chapitre, le film montre la lente évolution de son comportement envers sa femme et sa fille, son meilleur ami et ses élèves... Johnny Depp incarne ce personnage sans forcer le trait de la gravité de la situation. Loin de ses rôles cultes, maquillé et maniéré au possible, il renoue avec une certaine simplicité et un beau lâcher-prise émotionnel. Les scènes bifurquent donc de leur destination dramatique initiale et viennent nous surprendre, tout comme elles surprennent son personnage, en optant pour une tournure cynique, décalée. L'humour, parfois cru, parfois pince-sans-rire, parfois noir est le résultat d'une liberté retrouvée pour un homme qui s'en était privé. Il envoie alors valdinguer toutes les conventions sociales et perce tous les non-dits jusqu'à ce que la maladie gagne du terrain et l'affaiblisse. Le crescendo dramatique est habilement écrit. Face à ces nouvelles contraintes physiques dues à son cancer, son comportement et ses paroles changent à nouveau, et gagnent en sagesse et en profondeur. L'humour est toujours là, mais de façon plus subtile et juste. Le dernier quart d'heure promet de très belles scènes chargées en émotions mais menées avec la plus grande des simplicités. Difficile de ne pas être touché face à ce dernier acte d'honnêteté et d'authenticité. Mais quelques jours ont passé et je réalise étonnement qu'il ne me reste plus grand chose de ce film. Seule l'émotion finale (très forte !) me reste en tête mais tout ce qui précède relève de l'anecdotique. La prestation de Johnny Depp reste à souligner, tout comme celle de Danny Huston, dans le rôle de son meilleur ami, qui nuance la palette émotionnelle de ce drame relativiste. C'est un peu contradictoire parce que d'un côté j'ai beaucoup apprécié la légèreté avec laquelle l'histoire est écrite. On y "croit", rien n'est forcé ou tire-larme. Mais d'un autre, il faut croire qu'il m'a manqué un peu d'épaisseur à l'ensemble, un point de vue plus original qui aurait rendu ce dernier pan de vie remarquable et inoubliable. Néanmoins, pour un film qui est directement sorti sur une plateforme, "Richard says goodbye" est bien plus appréciable et touchant que ses semblables !