Si un ami vous demande en fin de film : "Alors, c'était qui, qui a tué Caroline ?", vous répondrez "Hem, on sait pas.", et s'il insiste avec un "Et alors, au final, il y a avait vraiment un fantôme dans la maison ?" vous le décevrez encore par un autre "Hem, on sait pas non plus". Et maintenant votre ami pense que vous vous êtes endormi devant The Little Stranger, alors qu'en vaillant cinéphile, vous avez gardé votre attention au meilleur de sa forme et aviez même élaboré quelques théories sur les deux principales révélations que l'on attendait de pareil scénario. Mais The Little Stranger se sabote complètement en nous envoyant balader à la fin, on en ressort déçu, comme si l'on avait perdu son temps. Enfin, pas complètement, puisque les acteurs sont très à l'aise (Will Poulter et Charlotte Rampling en tête), puisque l'ambiance "vieillotte, charmante et lugubre à la fois" est très bien rendue (bravo aux décorateurs et aux cadreurs qui ont su en tirer les meilleurs plans), que l'on essaie plusieurs théories sur le devenir de ce jeune médecin de maison (et non de campagne) qui se voit attiré dans les draps de l'héritière mais dont cette dernière n'a aucune intention de lui offrir le manoir... Ce qui prouve que l'on avait suivi, malgré ce que nos babillages incomplets sur la fin laisseront penser, la faute à un scénario qui est assez sadique pour nous laisser chercher et finalement nous abandonner en plan, avec cette affreuse impression d'avoir gaspillé deux heures... En interview, le réalisateur (Lenny Abrahamson) ne cesse de répondre aux questions par "Oui, il y avait bien un fantôme.", ce qui nous rassure de deux façons : la première, notre théorie était bonne, la deuxième, si tout le monde le lui demande si souvent, c'est que personne n'a compris, comme nous. On se sent moins seul.