« Une intime conviction », d’Antoine Raimbault, nous relate au plus près le deuxième procès en appel de l’affaire Suzanne Viguier, à un détail près, soit la présence de Nora, totalement romancée dans ce cadre précis !
Mais quelle bonne idée, car c’est bien elle qui va nous servir de guide, en tant que personnage complètement fasciné par cette affaire, elle va devenir ainsi notre œil indiscret en nous permettant d’assister au plus près à toutes les étapes de ce fameux procès.
Un véritable tour de force doublé d’un excellent vecteur de la part du réalisateur, d’autant plus que Marina Foïs fait preuve d’une implication incroyable dans ce rôle pourtant fictif, mais qu’elle rend plus vrai que nature, en installant mine de rien une tension digne d’un très bon thriller !
Comme si elle était habitée par son personnage intimement convaincu de l’innocence de Jacques Viguier, tout comme Olivier Gourmet, qui lui colle parfaitement à la peau de cet avocat au point d’imaginer l’avocat Éric Dupond-Moretti en chair et en os, tant sa magnifique plaidoirie finale fait frémir !
Plaidoirie à la portée remarquable dans son constat qui va au delà du procès lui- même, une vraie performance d’acteur qui nous tétanise par son éloquence et sa prestance !
Si bien que ces deux prestations fascinantes vont permettre à cette histoire oubliée de rejaillir, en mesurant toute la fragilité d’une justice, toutes les incohérences et lacunes d’une instruction, et ce que revêt la présomption d’innocence en l’absence de la moindre preuve dans cette histoire de disparition...
Alors que cette fameuse intime conviction que tout un chacun peut ressentir, nous incite pourtant à pencher d’un côté ou de l’autre !
Une démonstration hors pair, dont un travail de fourmi bien montré à travers ces écoutes, va pouvoir révéler et rétablir une vérité précaire et toute relative, celle que l’on croit juste ou tout au moins qu’on espère et imagine la plus juste possible, quand on considère l’état de cette enquête malmenée !
Cette fois, et comme souvent, suspecter un coupable et le juger comme tel, amène à résoudre une équation à trop d’inconnues, ce que ce film nous prouve plus que brillamment, dans une ambiance d’un réalisme bluffant et très prenant !
On est ainsi parfaitement immergé dans ce monde inquiétant, dans ce tribunal solennel et oppressant où chaque audience est un pas de plus vers la décision ultime du jury...
Du cinéma précis et technique pour la bonne cause, et donc instructif et intelligent, où toutes les ambiguïtés et l’enjeu d’un jugement humain, sont brillamment mises en avant !