Serait-ce le fameux syndrome « deuxième film » ? Syndrome relatif car globalement, « Us » fait très correctement le boulot : c'est efficace, bien rythmé, avec ce qu'il faut d'idées, de rebondissements et de situations maîtrisées pour que ces 120 minutes restent un spectacle plaisant, venant également, sur la fin, proposer une parabole intéressante sur la société actuelle et une « lutte des classes » ne semblant jamais avoir été autant d'actualité. Maintenant, si l'ensemble reste d'assez bonne facture, avec la touche d'humour quand il faut et un récit s'éloignant faisant preuve d'une vraie indépendance vis-à-vis de l'excellent « Get Out », je n'ai jamais vibré non plus. Certes, c'est donc bien mené, mais rien de vraiment surprenant ni original non plus dans le déroulement, malgré une stimulante promesse de départ. D'ailleurs, la mise en place, bien que permettant de s'adapter à l'univers, est franchement longuette, voire pataude. Si l'on apprécie également que les personnages ne subissent pas les événements sans broncher, on peut aussi s'étonner d'une résistance aussi accrue pour des gens pas franchement habitués à la bagarre. On s'intéresse ainsi à eux, sans être pour autant terrorisé quant au sort qui leur sera réservé. Enfin, au-delà d'incohérences parfois gênantes dans le scénario
(notamment quant à l'évolution du comportement des « reliés » et de leur désir d'indépendance, franchement expédié)
, le choix de concentrer la dimension politique et sociale uniquement dans le dernier quart d'heure (provoquant toutefois un sacré trouble, y compris après être sorti de la salle), sans même avoir cherché à la parsemer dans le récit précédemment, est à mon sens une erreur, n'ayant pas de montée en puissance dans le discours et rendant difficile l'appellation « politique » sur une durée aussi brève, le « twist » final, pas mal vu, n'ayant rien de renversant non plus. Après, je ne l'ai pas vu dans les meilleures conditions (ah, le fameux public du vendredi soir pour un film de genre, arrivant trente minutes en retard et venant s'installer juste devant toi, regardant son portable, criant sans aucune raison... c'est toujours un plaisir) et si on le compare au tout-venant, « Us » mérite largement le détour dans les salles obscures. On pouvait aussi attendre plus d'un auteur nous ayant tant séduit pour ses débuts, persistant ici avec moins de réussite dans le genre qui l'a fait roi. J'irai (bien sûr) quand même voir le troisième.