Une fois sorti de la salle, je constate que ce film m'a emmené dans son histoire. J'y étais, je vivais avec les personnages, j'étais pris dans ce qui les agitait, ce qui les animait. Nicolas Duvauchelle est magnifique dans son rôle, Ana Girardot lui donne la réplique avec brio. La prestation de Béatrice Dalle est savoureuse. Mais il y a aussi le contexte de ces gens, qui vivent modestement, qui travaillent dans des zones commerciales. Ce pourraient être des "petites" gens, mais il n'en est rien. Ils vivent et leur dignité est là. Le cadre de tout ça, c'est un accident de la circulation lors d'un différend conjugal. La tête de Piotr heurte le pare-brise. Trauma crânien, syndrome frontal avec sa symptomatologie embarrassante. Comment se débrouille-t-on pour survivre, revivre peut-être, continuer, croire en l'autre, qui a perdu la mémoire et donc l'appétit sexuel est débridé ? L'immersion, que nous propose -que dis-je ! - que nous "offre" Marion Vernoux est un voyage émouvant, drôle parfois, mais tellement vivant... La famille de Piotr veut le récupérer, considérant que Marilyn, sa compagne, ne peut savoir ce qui est bon pour lui. Il y a les soignants, les assurances, la justice, les employeurs, tous ces acteurs de la vie quotidienne prennent place dans le déroulement de cette belle histoire, qui nous renseigne aussi sur le statut du handicap. Un vrai beau moment de cinéma ! Longue vie à ce film !