J’ai découvert ce petit film par hasard et, je l’avoue, son titre m’intriguait.
Le film débute sur Laura, nue dans son lit, paresseuse. Alors je me dis que je vais pouvoir admirer la nudité tout au long du film de Giorgia Moll, même suggestive.
Ben non ! « Laura nue » ne s’illustre pas par la nudité de Laura, laquelle demande à son mari la vérité nue. Celle qui n’est pas enrobée de simagrées. Seulement ce qu’elle demande à son mari, elle ne se l’applique pas.
Mariée, Laura traîne son spleen d’homme en homme. Elle n’est pas heureuse. Elle s’est mariée par convention, parce que c’est dans l’ordre des choses. La femme doit se marier, enfanter et être mère.
La femme sera petit à petit délaissée au dépend de la mère. L’amour du mari se portera sur les enfants. Ne restera que la tendresse. Quant au sexe, son mari comblera ses envies ailleurs.
Laura s’y refuse et se cherche et cherche une vérité. Autour d’elle rien ne la rassure : ses parents se séparent, sa mère refait sa vie, sa meilleure amie déprime après avoir mis au monde un enfant, ses amies en couple ne paraissent pas épanouies. Quand elle interroge sa mère sur le mariage, la vie de couple, elle passe pour une souffrante !
En soi, Laura est désenchantée de la vie alors qu’elle n’a que vingt ans.
Elle couche avec les hommes par ennui et cela la désespère. Après réflexion, coucher, avoir des expériences sexuelles avec d’autres hommes ne lui apporte aucun amour. L’amour qu’elle cherche auprès de son mari qu’elle sait sincère à son égard, lui semble en retour impossible à restituer.
Nicolo Ferrari que je ne connaissais pas aurait fait que trois films et aurait consacré l’essentiel de sa carrière au documentaire. On le dit militant.
« Laura nue » est un film militant. Il brosse le portrait d’une jeune femme qui veut s’émanciper malgré le mariage. Le comportement de Laura est subversif pour l’époque. Aujourd’hui en le découvrant, on s’étonne de sa modernité.
Le film aurait subi les foudres de la censure. Il ne faut pas oublier le contexte : 1961, en Italie, pays nettement plus catholique que la France.
La dimension de « Laura nue » est féministe voire politique pour cette période. Laura fait figure de rebelle. Et elle n’est pas la seule : sa mère refait sa vie alors qu’elle a un certain âge avec un monsieur tout aussi âgé ; son amie Claudia (Anne Vernon notre française) élève seule son enfant.
Reste qu’elle se fait gifler par deux fois ! Ça, ce n’est pas moderne !
Depuis que le monde est monde, la femme est violentée. Mais depuis que le monde est monde, il y a peu de femmes qui refusent leur condition féminine. Laura est de celles-ci.
A noter : le film débute sur Laura nue dans son lit, elle finira aussi nue dans son lit d’hôpital.
Et là on peut se questionner : est-ce moderne qu’une patiente
victime d’un accident
soit nue dans un lit d’hôpital ?!