Pat and Mike, de sa laide traduction Mademoiselle gagne-tout, réunissait de nouveau un couple fréquemment aperçu dans le Hollywood des années 40 et 50 : Katharine Hepburn et Spencer Tracy. Deux immenses acteurs ici au service d’une comédie pour le moins sympathique, qui réserve au féminisme naissant de l’époque une place non-négligeable. Pat est une athlète de haut niveau et qualifiée dans une multitude de sports en tous genres. Simplement, le simple regard compatissant de son mari suffit à lui faire rater tout ce qu’elle entreprend. De fait, la demoiselle, proclamant son indépendance, n’hésite pas une seconde à rebrousser chemin – initialement à destination de Californie –, à peine montée dans le train. Pour commencer, elle songera à rencontrer un manager aux allures d’homme d’affaires véreux. À travers cette ascension riche en besogne, Pat entamera donc cette quête de l’indépendance qui lui interdira d’appartenir à quelque autre personne que ce soit qu’elle-même. Miss Kate et Spencer Tracy parviennent à trouver le juste ton pour aborder tout en finesse le comique burlesque du film de Cukor. En effet, en dehors des répliques qui font mouche, le long-métrage possède cette capacité à enchainer les situations purement drolatiques qui tendent à lui apporter un côté frivole bienvenu. En dehors d’une mise en scène inventive et recherchée, on pourra remarquer à quel point il est aisé de s’attacher aux protagonistes en une poignée de minutes, chacun d’eux étant porteur d’une forte personnalité imprévisible ou, à l’opposé, d’un caractère volontairement stéréotypé assez désopilant. Enfin, si Mademoiselle gagne-tout s’avère aussi plaisant à regarder, c’est aussi grâce à son charme qui ne tient principalement qu’à sa simplicité et, pourtant, ce désir de ne pas s’encombrer de trop de conventions. Pat est une héroïne pure et dure et rien ni personne ne semble vouloir la montrer sous l’angle de la starlette hollywoodienne habituelle, dont le but principal est d’anesthésier les foules par le biais d’une beauté extrêmement séduisante. Ne pas comprendre par-là que le physique du sex-symbol est ici purement vain. Bien au contraire. Néanmoins, tout ne réside pas qu’en cette seule esthétique pour le moins avantageuse. En dépit de ses joues de plus en plus creusées, la femme parvient tout de même à illuminer l’écran à travers un personnage haut en couleur. En conclusion, Mademoiselle gagne-tout (ou Pat and Mike, c’est selon) parvient à se démarquer des autres productions hollywoodiennes de l’époque, grâce à une héroïne atypique dont la présence ne se limite pas au simple rôle de beauté fatale ou, pire, de faire-valoir. En résulte une comédie burlesque légère et plaisante.