Avec Tony Gatlif, les amateurs de musique savent qu'ils ne seront jamais déçus. Pour les amateurs de cinéma, il n'y a pas une telle évidence, même si ses films ne laissent jamais indifférents. Concernant "Djam", Tony Gatlif ne fait pas preuve d'une forme olympique, bien que le film ait tourné principalement en Grèce : le film pêche par la minceur de son scénario (une jeune femme grecque envoyée à Istambul pour faire fabriquer une bielle nécessaire pour réparer un bateau) qui n'est en fait qu'un vague prétexte assez artificiel permettant au réalisateur d'aborder des sujets qui lui tiennent à cœur, avec certaines scènes qui sont tout simplement bouleversantes : l'exil, les drames touchant les migrants, la situation catastrophique dans laquelle les banques et l'Europe ont placé la Grèce.
Plus, bien sûr, la musique. Celle qui est le cœur du film, c'est le rébétiko, le blues des tavernes grecques, une musique magnifique, pleine de nostalgie, née dans les années 20 lorsque les grecs d'Asie mineure furent expulsés vers leur pays d'origine, une musique à la fois grecque et turque. Tony Gatlif fait la part belle à des interprétations magistrales de ce type de musique, avec la présence des instruments adéquats : bouzouki, baglama, santouri, kanonakouti, etc.. Autant prévenir : si vous n'aimez pas le rébétiko, n'allez pas vous faire voir chez les grecs de ce film !
Pour jouer le rôle principal de Djam, Gatlif avait besoin de trouver une jeune comédienne parlant couramment le français et le grec. Il a eu la chance de trouver Daphné Patakia, une actrice belgo-grecque très "nature" qui a toutefois un petit défaut : il lui arrive assez souvent de surjouer (peut-être à la demande du réalisateur, allez savoir). Dans le rôle de Kakourgos, l’oncle de Djam, on trouve le toujours extraordinaire Simon Abkarian : qu'il joue le rôle d'un arménien, d'un kurde, d'un israélien, d'un grec, il est toujours parfait ! Quant à Avril, la jeune française rencontrée par Djam à Istamboul et qui ne veut plus quitter Djam, elle est interprétée par Maryne Cayon, découverte par Thierry de Peretti pour son casting de "Les apaches" et interprète d'un petit rôle dans "Geronimo" de Tony Gatlif.