Ce premier long-métrage de Sylvain Labrosse suit deux frères immigrés issus des Balkans partagés entre le désir ardent de vivre en toute quiétude à Brest ou retourner dans leurs terres natales, où la violence et un lourd secret ont su forger les hommes qu'ils sont devenus. C'est autour de ce dilemme que se construit le récit de "Frères d'armes", très justement mené par Vincent Rottiers et Kevin Azaïs. Alors que l'un ne souhaite plus quitter son pays d'accueil, fortement attaché à sa nouvelle vie et à la femme qu'il aime, le cadet, un jeune chien fou, colérique et imprévisible fait tout pour convaincre son frère. Entre film noir et drame social et familial, le scénario suit une trajectoire plutôt classique et peine à convaincre totalement à cause de son manque évident de moyens et de surprises. En effet, la mise en scène de Sylvain Labrosse s'avère très téléphonée (gros plans, beaucoup de scènes de voiture, effets sonores, dialogues banals...), voire parfois clichée. J'ai pas vraiment saisi le choix de la ville de Brest... Pourquoi Brest et pas Nantes, ou la périphérie de Lille ? C'est dommage d'en avoir fait un décor si désert et dénué d'enjeux, si ce n'est pour lui donner un côté ouvrier et glauque avec sa zone portuaire. Je suis notamment resté sur ma faim avec le rôle de Gabrielle, la très belle et sincère Pauline Parigot, l'idylle de l'ainé. J'aurai aimé en voir plus, que ce soit dans son rapport à la langue des signes, à son père, à la dualité avec cette famille qui ne l'accepte pas... Alors que les thèmes des racines familiales, de la transmission de la violence, de la vengeance, de l'affranchissement du passé sont clairement mis en avant, les nombreux flash-backs aux couleurs "sépia" fragilisent l'ensemble et font perdre en qualité. Le jeu des acteurs étrangers n'est franchement pas bon et la mise en place du secret ne réussit pas à nous percuter, ce qui gâche notre engouement. Bon, s'il y a un détail qui m'a aussi moins convaincu dans le jeu des personnages principaux, et ce, malgré tout leur naturel, c'est le rapport à la langue slave. J'y ai tout simplement pas cru. Heureusement, la meilleure scène du film, la confrontation finale entre les deux frères ennemis, rentabilise notre doute et sauve "Frères d'arme" du ratage. Si la forme est plate et l'histoire un peu vaine, le casting de tête sauve les meubles !