Qui est vraiment Benedetta ?
Paul Verhoeven ne répond pas vraiment à cette question, ce n'est pas son but, il tisse, autour de quelques éléments historiques, un portrait de femme, ainsi que la découverte de la sexualité ou encore le rapport à la religion.
Plusieurs adjectifs pourraient qualifier Benedetta du cinéaste hollandais, crue, grotesque, éprouvante, intrigante...
À l'image des thématiques, nombreuses, le hollandais véhicule plusieurs sentiments tout le long de l'œuvre, et c'est parfois bien difficile de le cerner. Il n'hésite pas à aller loin dans le blasphème ou la découverte de la sexualité par une religieuse. De toute façon, il ne se fixe pas de limite, et sa carrière parle pour lui en la matière, et on le ressent assez vite avec Benedetta à l'image des apparitions de Jésus.
Il délaisse donc vite l'aspect historique et insuffle à son œuvre d'autres idées, un peu de romanesque, mais surtout du grandiloquent, quitte à sacrifier la profondeur des personnages ainsi que de la psychologie qui aurait été la bienvenue. C'est là, notamment, que Benedetta peut perdre le spectateur, les passages intéressants et bien mis en scène sont parfois vite balayés par des séquences de crises, d'hystéries, de tortures ou érotiques, qui perdent assez vite en puissance.
Là où le film est plus intéressant, c'est dans les rencontres de Benedetta, la mère Felicita (parfaite Charlotte Rampling d'ailleurs), puis Bartolomea ou encore le Nonce. Chacun d'eux dévoile une nouvelle facette de Benedetta, et c'est avec eux que l'on va mieux cerner ce personnage. Et on reconnait particulièrement Verhoeven lorsque sa protagoniste, comme d'autres auparavant, s'amuse de tout cela, des autres personnages, des coutumes et des normes. Elle apparaît comme atypique au milieu d'un monde codifié où l'hypocrisie règne, ce qui n'est pas sans rappeler Basic Instinct.
Pourtant, le film contient de nombreuses maladresses à l'image de moments anachroniques, tellement gros parfois qu'il est difficile de se dire que c'est involontaire de la part du hollandais, mais ça n'en devient pas pertinent pour autant. Benedetta fonctionne surtout lorsque l'auteur évoque les thématiques religieuses, sexuelles ou humaines, avec au milieu, un personnage dont on ne sait jamais vraiment si elle est sainte et messagère ou manipulatrice.
En signant Benedetta, Paul Verhoeven va jusqu'au bout de ses idées pour signer un portrait cru, atypique ou violent, jouant avec les images et les mœurs, frôlant (et pas que) les excès et la caricature, et plaçant son personnage au cœur de révélation sexuelle, biblique ou hypocrite.