Oh my gode... Chouette, on ressort de la séance du Grand Palais de Cannes, et on entend déjà plusieurs couples d'un âge certain s'exclamer qu'ils sont choqués par "le manque de pudeur de ce film voyeuriste". Bien joué, Paul, le buzz (même "bad") est lancé sur la Croisette... Pour notre part, on n'a pas été le moins du monde traumatisé par les scènes de nu de la bonne sœur avec sa compagne féminine, car cela est loin d'être gratuit et tape-à-l’œil : d'une part, il s'agit de l'histoire rapportée de la sœur dévergondée Benedetta (et retirer cela serait revenu à censurer son histoire), et d'autre part si Verhoeven avait voulu plonger dans le démonstratif sexuel, il ne s'en serait pas privé (on trouve même que ce Benedetta est gentil, comparé à la filmographie de Verhoeven). Donc pas de paires de Robert que l'on ne saurait voir. Surtout que Virginie Efira est sublime, ici à son sommet (elle se donne à trois cent pour cent, chapeau bas). On regrette en revanche tout le côté un peu "kitsch" des scènes de transes avec "Warrior Jésus" (qui s'offrent des effets spéciaux épouvantables pour les serpents, qui plus est) ou encore la voix grave de Benedetta possédée qui ressemble à un remake de L'Exorciste, et le côté un brin extravagant de la fin (
Benedetta qui ressort du feu sans une brûlure, passe encore, mais la sœur interprétée par Charlotte Rampling qui s'y jette et ressemble à une allumette en trois secondes, on est moins convaincu...
). Autrement, ce film se pare d'un soupçon d'humour qui n'est pas désagréable (surtout lorsque la sœur se moque ouvertement du Nonce interprété par un Lambert Wilson à l'humeur cabotine), peut compter sur son rythme soutenu pour nous emmener au bout de l'histoire de Benedetta sans s'ennuyer, et ne se fait jamais juge de ce que l'on doit penser : habile manipulatrice, sœur auto-convaincue par ses délires, ou encore réelle manifestation de la Foi Divine (on n'aura jamais l'irrespect de juger une religion, donc on mentionne cette dernière option en tout honneur). A tout dire, on penche pour la deuxième option, car s'il s'agissait réellement d'une maline manipulatrice qui a mené sa barque jusqu'au bout, pourquoi
aurait-elle refusé de tout avouer à sa partenaire dans la plus grande intimité, pourquoi serait-elle revenue à Pescia pour s'asseoir par terre et manger comme une manante jusqu'à la fin de ses jours, comment se fait-ce que seule la ville de Pescia a été effectivement épargnée par la Peste (n'allez pas nous dire que les villages d'à côté n'ont pas p
ensé à fermer leurs portes, tout de même...) ? Beaucoup de mystères que Benedetta garde, comme une vérité que l'on n'aura jamais, et cela n'est pas plus mal (tout le monde a raison). Ce film qui aura mis trois ans à trouver une date de sortie nous arrive enfin, et nous offre sur un plateau d'argent la prestation divine de Virginie Efira, en tunique ou en tenue d'Adam.