Qu’est-ce qui peut expliquer l’engouement suscité par la sortie de Petit Paysan, sans doute le mérite de mettre en scène un personnage peu présent dans la fiction française, le paysan. On trouvait cette inspiration dans l’excellent film islandais de Grimur Hakönarson « Béliers », et dans une moindre mesure dans « Bovines » le documentaire de Emmanuel Gras. Dans Petit Paysan, on part de la docu-fiction, où la présence des animaux et la fidèle reconstitution des rituels agricoles fixent la première partie du film comme documentaire, pour basculer dans le thriller mental, où Pierre est progressivement gagné par l’émergence de la paranoïa et la hantise de tout perdre. Pierre, jeune éleveur laitier en Haute-Marne est passionnément investi et épris de son travail d’éleveur d’une trentaine de vaches laitières dont la production est régulièrement primée lors des contrôles, apprend par la télévision, l’apparition d’une épizootie aux Pays Bas et en Belgique, la FHD, fièvre hémorragique dorsale, très contagieuse et à la mortalité certaine. Sa sœur, vétérinaire essaye de le rassurer sur la santé de ses vaches tout en s’enquérant de son équilibre personnel…Mais tout bascule le jour, où après un vêlage, Pierre découvre une vache atteinte…Pour espérer sauver le reste du troupeau, il abat l’animal et dissimule le cadavre…le second cas qui se présente est traité d’une manière identique, de plus, délictueuse, mais le maquillage des boucles d’oreilles de ses vaches, ne dupe pas sa sœur qui l’engage à prévenir les autorités sanitaires …et le film reprend un air de documentaire, ces scènes d’abattage en présence de la gendarmerie, les services vétérinaires et les équarisseurs….que cela soit des bovins ou des canards, le principe de précaution exige l’éradication du troupeau laissant l’exploitant face à sa détresse et à l’attente d’hypothétiques subventions. Le réalisateur Hubert Charuel est fils et petit fils de paysans, il a tourné son film dans l’exploitation de ses parents, qui jouent dans le film, comme certains amis d’enfance restés au pays. Swann Artaud qui joue Pierre habite totalement son rôle, on voit qu’il a effectué plusieurs séjours d’immersion dans les fermes des alentours, car ses gestes sont justes…cette peinture du monde agricole est réaliste voire naturaliste…le film et l’acteur principal ont été récompensés au Festival d’Angoulême….et pourtant je suis resté en dehors, pas vraiment réussi à me passionner par l’histoire….Peut-être une dispersion et un essoufflement du scénario sur la fin ??