A l’heure où changer ses habitudes alimentaires devient crucial pour le futur de la planète, Hubert Charuel propose de montrer l’envers du décor des petits producteurs de lait, boisson souvent montrée du doigt.
« Petit Paysan » est un film à part dans le paysage actuel, déjà par son sujet qui n’attirera par forcément les foules en salles, mais aussi par son traitement très original qui sort des champs connus.
A lieu de proposer un simple documentaire de fiction, le scénario va plus loin et prend de l’ampleur en ajoutant à ce drame social des éléments de thriller psychologique et en détaillants l’engrenage de la descente aux enfers, sans oublier un soupçon d’humour bien placé... et bienvenu !
Très actuel, le film montre les différentes utilisations de la technologie moderne, aussi bien YouTube pour faire connaitre sa situation désespérée, qu’un centre de traite ultra moderne en totale opposition à la ferme traditionnelle du personnage principal.
Swann Arlaud est absolument parfait en paysan qui a repris la ferme de ses parents et qui fait tout pour être un digne héritier des valeurs du passé. Ici la qualité prime sur la quantité, le bienêtre des animaux est primordial, voir même parfois excessif, la solidarité avec ses voisins est toujours de mise même si elle peut être pesante, toujours dans l’optique de produire de façon sincère.
Honnêteté dans le travail, poids de la relation parentale, solitude par manque de temps pour nouer des relations, maladresse, passion, retard de paiements des indemnités, relations avec les autorités sanitaires, tout y passe de façon précise sur fond de crise type vache folle.
Petite pépite de dialogue parmi tant d’autres, lors d’un repas avec la boulangère qui aimerait être intime avec notre paysan :
« -Ça ne me dérange pas que tu sois paysan !
-Mais pourquoi ça te dérangerait ? »
Tout est dit en peu de mot, économie savante du monde rural.
Les vaches sont portées à l’écran avec beaucoup de respect, telles des personnages centraux et sont particulièrement touchantes et expressives. Quand certaines sont abattues, leurs carcasses sont hyper réalistes et montrées à la limite d’un film d’horreur, on se sent particulièrement affecté par leur mort.
Pour un premier film, c’est une très belle réussite, même si la fin laisse un peu sur sa soif.
Quoiqu’il en soit, vous ne boirez plus de lait comme avant !