Je n'étais pas plus attiré que ça, mais ce titre (légèrement racoleur) et la situation du pays prête tellement à controverse que je me suis laissé tenter, ce choix d'animation en rotoscopie prêtant également à la curiosité. Quelques réticences : de légères difficultés à identifier certains protagonistes (notamment féminins), cette animation légèrement austère, bien qu'originale et personnelle, donnant un ton légèrement poétique, n'apportant pas énormément à des prises de vue réelles (choix fait afin d'éviter d'avoir à répondre aux autorités iraniennes). J'ai ainsi eu de légères difficultés à me retrouver, parfois, dans ces différents récits, habilement mêlés, où chaque situation fait écho à une autre, intelligemment pensées, écrites. Il y a une volonté sensible d'offrir à la fois une histoire forte, doublée d'un regard sans fard sur l'Iran d'aujourd'hui, république islamique terrifiante d'intolérance, de brutalité, poussant constamment les gens à se réfugier dans la peur, chaque interdit (dont certains surréalistes) devenant presque un acte de résistance face à une société étouffante et incroyablement hypocrite, où les femmes apparaissent souvent comme un bouc-émissaire idéal, notamment lorsqu'elles cachent leurs pulsions « honteuses ». L'œuvre a la subtilité de ne pas tomber dans une victimisation facile de ces dernières, en faisant, au contraire, souvent des figures fortes, marquantes, sans pour autant cacher la profonde souffrance dans laquelle elles sont souvent. Les hommes ne sont pas non plus tous des salauds (bon, certains, quand même!), surtout lâches ou conditionnés par des lois absurdes. Ni trop ni trop peu, très critique du pays mais bienveillant envers ses héro(ïne)s, « Téhéran Tabou » est un film fort qui, à défaut de bouleverser ou captiver, ne laisse clairement pas indifférent, autant par le regard qu'il porte à une nation devenue symbole d'intolérance pour le monde entier que sa capacité à dessiner des portraits que l'on n'oublie pas de sitôt : une réussite.