Makala signifie charbon en swahili, langue parlée par ailleurs au Congo, où se déroule le film.
(on ne le saura qu'au bout de 1H de film grâce à une affiche qui apparaît rapidement). L'histoire qui n'est pas un documentaire, mais bien une fiction où un "vrai" charbonnier, du nom de Kabwita rejoue son quotidien face à la caméra d'Emmanuel Gras. C'est bien son rôle dans la vraie vie qu'il nous livre sous la direction évidente du réalisateur. On aurait aimé que Kabwita ait aussi le pouvoir de composer et d'échapper au regard esthétisant et claustrant du réalisateur, mais il n'en est rien.
E.Gras, nous imposera tout au long de ce film, sa vision misérabiliste, faisant de Kabwita un héros du quotidien, mais un héros sans issue, sinon celle de la prière, scène par ailleurs jouée et filmée d'une telle manière que Jean Rouch doit se retourner dans sa tombe.
. S'il n'y a pas de voix off dans ce film, certains le soulignent presque avec admiration !, cela n'empêche pas le regard omniscient du réalisateur qui enferme pas à pas le destin de Kabwita.
Je suis consternée qu'au 21ème siècle, on aie encore ce regard misérabiliste, condescendant et plein de "compassion", empli d'une charité "chrétienne" envers l'Afrique et ses habitants. Je suis consternée, mais pas étonnée, que Cannes récompense ce genre de films, parce que nous, ici,, en Europe, en Occident, ça nous arrange bien de porter et soutenir ce regard, ces images telles que nous les renvoie Emmanuel Gras. Il suit " à distance", les souffrances et le labeur d'un jeune charbonnier qui sur 50km peine à transporter ses kilos de charbon sur un vélo, presque une ferraille, pour les vendre en ville.Emmanuel Gras a fait un choix, que son film "fasse vrai", et donc sans interroger, sans regarder, sauf à une distance dérangeante, sans contextualiser et questionner les raisons de cette misère, il filme mais surtout met en scène. Son esthétisme, l'image léchée, le temps qu'il prend à filmer la souffrance, la poussière etc.... est presque répugnante. Surtout quand l'on voit sur quelle scène il choisit d'arrêter le film. L'église, le recours à dieu. Je ne supporte plus cette bonne conscience, qui d'ailleurs n'interroge pas l'existence de la présence de l'évangélisme de sa prégnance, mais aussi de la réappropriation qu'en font ici les congolais.
Cannes, le festival s'étonnait de ne pas sélectionner de film africain, mais c'est certain qu'en récompensant Makala et le regard bovin d'Emmanuel Gras, c'est son confort moral qu'elle soutient. Pourquoi n'avoir pas sélectionné, Dieudo Hammadi, il y a quelques années, films multirécompensé dans le monde ? Ou encore Félicité D'Alain Gomis ? Si vous voulez un regard puissant, fin, soutenu et beau sur le Congo, découvrez ces deux réalisateurs et fuyez Makala.