C’est en tant que premier long métrage de son réalisateur que "La familia" faisait partie de la sélection de la Semaine de la Critique lors du Festival de Cannes 2017, avant d’obtenir l’ « Abrazo du meilleur film » au Festival de Biarritz Amérique Latine de 2017 . Toutefois, avant ce film, Gustavo Rondón Córdova, réalisateur vénézuélien qui a fait ses études de cinéma à l’Académie du film de Prague, n’était pas un novice en matière de festival," Nostalgia", son 5ème court métrage, ayant figuré dans la sélection officielle de cette catégorie à la Berlinade de 2012.
Une erreur trop souvent commise : commencer à juger un film en cours de projection alors que, bien souvent, il s’avère difficile, voire impossible, de porter un « jugement » définitif lorsqu’on arrive au générique de fin. Alors, pensez donc, au bout de 10 minutes … Les 10 premières minutes de La familia ? Du déjà vu, à plusieurs reprises, et, en plus, du déjà vu qu’on a tendance à repousser : des gamins de 10 -13 ans qui, tout en jouant au base-ball avec des capsules de bière, s’invectivent, se lancent à la figure des insultes sexisteset homophobes. Sommes nous en route pour un énième film sur une bande de jeunes mal dans leur peau et qui cherchent à reproduire les pires travers des adultes de leur entourage ? Des adultes dont on voit par ailleurs qu’ils se comportent de façon très lourde (pour ne pas dire plus !) avec les femmes. Eh bien non ! Heureusement (si l’on peut dire !), très vite, Pedro, le jeune héros du film, âgé d’une douzaine d’années, poignarde mortellement un gamin des favélas qui cherchait à lui voler son portable et le film bifurque vers une toute autre direction : Andrés, le père de Pedro, comprend vite que, pour son fils, le risque d’être l’objet d’une vengeance est très grand et qu’il est hautement souhaitable de le soustraire à la rue de Caracas. Ce père, le plus souvent pris par des petits boulots quand ce n’est pas par ses liaisons avec une ou deux maîtresses, ne s’était manifestement jamais réellement occupé de son fils mais là, les circonstances le poussent à introduire Pedro dans son univers quotidien et, ce faisant, à commencer à faire son éducation. Une éducation qui vise avant tout à éloigner Pedro des groupes corrompus ou criminels et à rechercher une forme de rédemption par le travail.
"La familia" devait sortir en mars de l’année dernière, sortie qui n’a pas pu avoir lieu, le distributeur de l’époque ayant été mis en liquidation. Heureusement, un autre distributeur, Tamasa Diffusion, a pris le relai et permet au public français, chose rare, de visionner un film qui montre sans manichéisme un pan de la situation qui régnait au Venezuela il y a 2 ou 3 ans. A-t-elle changé depuis ?