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    Pour le réconfort
    Anecdotes, potins, actus, voire secrets inavouables autour de "Pour le réconfort" et de son tournage !

    Première fois

    Le comédien Vincent Macaigne met en scène son premier long-métrage pour le cinéma avec Pour le réconfort. Il avait auparavant réalisé un court-métrage, Ce qu'il restera de nous (2011) et un téléfilm pour Arte, Dom Juan et Sganarelle (2015).

    Genèse du projet

    Vincent Macaigne revient sur la genèse du projet et sur les comédiens choisis pour son film :

    "C’est ma bande d’acteurs, ceux avec qui j’ai fait toutes mes pièces. J’ai étudié au Conservatoire avec certains d’entre eux. Je les connais donc intimement. Il y a quatre ans, je leur ai dit que j’avais à disposition une maison près d’Orléans — qui n’est pas le château qu’on voit dans les plans de coupe, mais un petit pavillon pauvre, prêté par le CDN d’Orléans, le montage créant l’illusion que c’est le même endroit —, et que ceux qui souhaitaient me suivre dans cette aventure étaient les bienvenus. On a passé les deux premiers jours à tâtonner, à imaginer l’histoire, à distribuer les rôles, et à filmer des scènes qui ne sont pas dans le montage final. Je les réunissais, je leur disais de jouer des situations, et en fonction de ce qu’ils dégageaient, ça me donnait des idées de personnages. Mais la plupart du temps, c’est important de le préciser, nous nous inspirions de La Cerisaie d’Anton Tchekhov. Je pense que le film est le résultat de mon dialogue avec Tchekhov, les acteurs et notre sensation du monde."

    Héritage

    Avec Pour le réconfortVincent Macaigne souhaitait explorer le thème de l'héritage :

    "Ça m’intéresse d’analyser ce qu’on a légué et de le traiter avec le plus de noblesse possible, d’éviter de faire de nos racines, de notre héritage, une trame sociale, mais plutôt d’essayer d’anoblir les personnages en les laissant devenir des symboles plus grands que leur quotidien, en leur faisant prendre la parole et en les montrant dans ces moments de crise rares où nous essayons de dire ce que nous sommes… même bêtement. Bref, ce père mort a donné, à Pascal Reneric et Pauline Lorillard des choses matérielles, de l’argent et un héritage mais pas de quoi se débrouiller dans la vie, je veux dire pas de quoi appréhender le monde avec amour.

    Ils n’ont pas les armes pour vieillir sans abandonner leurs rêves. Il y a une scène que j’ai coupée où Pauline Lorillard parlait à son père mort devant la croix et disait : « Pourquoi tu nous a faits en sucre ? » D’une certaine manière, ils sont tous pris - Manu, Laurent, Pauline ou Pascal - dans un le monde que leur a laissé ce père mort. Ils agissent dans ce présent, mais dans un système décidé à leur place, où ils n’ont que quelques options. Et ils sont aux prises avec la géographie de ce pays, avec ses contraintes et ses zones de force", explique le cinéaste.

    La question de la violence

    Le personnage incarné par Emmanuel Matte est habité par une grande violence. Vincent Macaigne explique :

    "Cette violence, on la sent très puissamment en France aujourd’hui. Le pays est profondément divisé. Et rien ne semble en mesure de pouvoir calmer ça. Le manque d’espoir d’exister crée des radicalismes de toutes sortes. Et je voulais montrer ça. Je pensais à Chabrol, mais un Chabrol d’aujourd’hui. Qu’est-ce que ce besoin d’exister et qu’est-ce que tout ce ressenti ?"

    Génération perdue ?

    Vincent Macaigne fait un constat amer sur sa génération à travers Pour le réconfort :

    "On nous a élevés en nous répétant que nous sommes des enfants gâtés, ou, plutôt, en nous disant qu’il n’y aurait plus de conflits, que la méritocraie allait tout régler. C’était une illusion. Dans ma jeunesse je pensais vraiment que nous nous en sortirions avec plus de joie et moins de violence. Mais j’espère que le film donne de la force plus qu’il ne donne à voir ma profonde peur et ma profonde mélancolie. Je voulais que ce film soit un geste humble, libre et drôle malgré tout, une parole simple, qui nous divise en nous‑mêmes. Mais pas les uns et les autres.

    Qui ne donne pas de solution ni ne prenne de parti et qui fasse confiance à l’intelligence du spectateur. J’espère qu’on entend un peu tout ça. J’ai voulu aussi montrer la persistance des trois classes sociales selon Marx. Il y a les aristocrates qui héritent et qui n’ont pas besoin de travailler (Pascal Reneric et Pauline Lorillard), les bourgeois qui gagnent tout à la sueur de leur front et veulent détrôner les aristocrates (Emmanuel Matte et Laure Calamy), et les prolétaires (Laurent Papot et Joséphine de Meaux), qui sont les cocus de l’histoire, les braves serviteurs, à jamais."

    Le Cri

    Le réalisateur Vincent Macaigne explique pourquoi il aime faire crier ses comédiens :

    "Je n’aime pas tellement le mot « cri ». Je préfère celui de « pensée forte ». Quand les gens pensent quelque chose très fort, ils en parlent très fort. Et surtout quand ils ne sont pas d’accord. En tout cas, si c’est un cri, il est d’abord amoureux. L’expression d’une colère partagée (avec mes acteurs), d’une zone de vie. Je préfère d’ailleurs me mettre en colère que de râler. Et peu importe que ça ne semble pas « réaliste » — le réalisme est de toute façon une illusion, une convention. Ce qui m’intéresse, c’est le réalisme des idées. Encore une fois j’aimerais que le spectateur sorte de la projection divisé en lui-même.

    Ça ne me gêne pas que certains spectateurs se sentent agressés. Tant que ça permet de créer du débat, de la vie. Je dis toujours que je mets en scène mes spectacles comme un accident. C’est pareil ici : ce n’est pas le moment de la projection qui m’intéresse mais la résonance qui suit."

    Montage de longue haleine

    Le montage de Pour le réconfort s’est étalé sur 4 ans à cause de contraintes financières, mais il a duré 4-5 mois en tout :

    "J’ai parfois essayé de recréer du sens, de la narration classique. Mais finalement j’ai décidé d’assumer cette forme, plus brute. Ça rejoint ce que je disais à l’instant sur la confiance dans le spectateur. C’est une affaire de goût mais c’est d’abord dicté par les conditions du tournage. Le film a été tourné en dix jours, avec une petite caméra numérique, sans scénario, et sans équipe ou presque. Certains jours, un ami chef-opérateur (Mauro Herce) venait m’aider, ainsi qu’un ingénieur du son (Julien Sicard). Souvent aussi je tenais la caméra, et les acteurs se relayaient à la perche. Tout le monde a été très généreux et venait pour rien comme ça, juste pour tenter des choses; c’est très beau ça.

    Comme je n’avais pas d’argent, je leur disais de venir quand ils pouvaient. C’est pour ça que certains personnages prennent plus de place que d’autres. C’est aussi pour ça qu’il y a des monologues et de la voix-off. On peut difficilement faire plus « lo-fi ». Pour la musique, il y a eu un désir d’inventer le genre lo-fi en réaction à la programmation des radios FM et de la hi-fi. C’est un peu mon film lo-fi. Ça aurait été bizarre de faire un film qui parle d’argent et de conflits entre classes sociales, et d’avoir beaucoup d’argent pour le faire, non ?", interroge Vincent Macaigne.

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