A vrai dire, Pour le réconfort, son premier long-métrage, ressemble à cet hurluberlu de Vincent Macaigne, révolté et romantique, en prise avec son époque et tout à fait déphasé. Inspiré par La cerisaie de Tchekhov, avec de larges plages d'improvisations, le film s'est tourné sur une période de 4 ans, avec des moyens très limités. Aidé par des comédiens qui forment sa troupe de théâtre, Macaigne a filmé deux France qui s'affrontent, les riches et les pauvres, pour faire court, comme une lutte des classes sans cesse recommencée. Mais on va où, comme ça, semble dire le cinéaste qui fait la part belle aux monologues et aux bords de Loire. On y crie comme dans un film de Pialat, on se lâche comme chez Cassavetes mais Macaigne semble savoir ce qu'il veut : faire le portrait d'un pays divisé. Un film engagé, éructant, pas très poli, parfois insupportable mais souvent drôle, heureusement, et toujours inattendu. C'est fait pour réveiller les consciences et donner un peu d'espoir, aussi. Bon, c'est un peu inégal et brouillon dans la forme mais Macaigne assume tout. Et avant tout, d'avoir accouché d'un film en dehors des sentiers battus comme il le dit lui-même ; "une mobylette sur une autoroute." Ce cinéma-là, tapageur et rugueux, n'a pas vocation à plaire à tout le monde mais il a lé mérite de dire des choses sur une ère tendue et incertaine.