Présenté à Cannes 2017 dans le cadre de la sélection ACID (Association du Cinéma Indépendant pour sa Diffusion), "Sans adieu" est un film posthume. En effet, son réalisateur, le photographe Christophe Agou, est mort en septembre 2015 en n'ayant eu le temps que de réaliser un premier montage. Cannes, ses paillettes, "Sans adieu", ses vaches, ses vieux paysans, des personnes délaissées par les gouvernements successifs, un monde en train de disparaitre : le contraste était patent !
Alors qu'il vivait à New-York depuis de nombreuses années, Christophe Agou est revenu régulièrement durant 8 ans dans la région dont il était originaire, le Forez, afin de garder une mémoire, en photographiant quelques protagonistes, puis en les filmant, de ce qu'était la France paysanne du passé. L'idée de départ était de réaliser un livre de photos : "face au silence" est sorti en 2010, édité par Actes Sud. A côté de ces photos, il y avait une centaine d'heures de rushes qu'il a fallu ramener à un film de 1 h 39 minutes. Ce film, proche du travail d'un Depardon, nous fait découvrir des paysans et des paysannes qui vivent dans des maisons dans lesquelles règne un joyeux désordre et qui parlent de leurs rapports avec leurs animaux, vaches, chevaux, chiens, chats, ... des hommes et des femmes qui parlent sans arrêt, qui ne sont pas interrogés mais qui commentent ce qu'ils font. Parmi eux, Claudette, 75 ans, le personnage central, celle qui utilisait l'expression "Sans adieu" à chaque retour de Christophe Agou vers les Etats-Unis, montrant par là son désir de le voir revenir.
Très intéressant, "Sans adieu" n'en est pas moins assez déprimant. On notera que le compositeur de la musique, Stuart Staples, le leader des Tindersticks, a également composé la musique de "Un beau soleil intérieur".