A la lecture du titre, vous pensez peut-être qu'il s'agit d'un film consacré à l'assemblée nationale. Vous avez tort ! Il s'agit d'un film documentaire consacré à une autre forme de démocratie, en l'occurrence le mouvement Nuit debout, mouvement lancé le 31 mars 2016 en opposition à la loi travail du gouvernement Valls. Cette autre forme de démocratie, c'est la démocratie directe, dans la lignée de l'Agora grecque, du mouvement des indignés en Espagne, du mouvement Occupy aux Etats-Unis, etc. La démocratie participative est-elle une vraie démocratie ? Réponse du mouvement : toute urne est funéraire. Philosophie de ce mouvement : il n'y a pas d'émanation d'une élite de type bolchévique mais un lieu où tout le monde peut s'exprimer.
La réalisatrice de documentaire Mariana Otero a filmé tout ce qui se passait sur la place de la République à Paris du 1er avril (ou 32 mars !) à juillet 2016. Son but : "apporter un regard différent des médias qui, eux se focalisaient plutôt sur le spectaculaire sans avoir le temps de comprendre de l’intérieur ce qui se pensait sur la place, donner le temps au temps et faire un film qui donne une forme à ce qui se construisait jour après jour". Elle a donc filmé les diverses commissions qui se créent, les modérateurs, les facilitateurs et les chronométreurs qui s'efforcent de rendre constructives les réunions qui, tous les jours, sont organisées. Une proposition intéressante qui est mise en œuvre : un langage des signes permettant aux participants à une réunion de faire connaître leur opinion, sans bruit, sans interrompre celle ou celui qui s'exprime : un signe pour exprimer son accord, d'autres pour exprimer son désaccord, le fait qu'on a compris, qu'on n'a pas compris, qu'on a déjà entendu l'argument, ...
Durant cette période, il pleut souvent : la pluie serait-elle de droite ? Quant aux rapports avec la police, ils sont souvent musclés. Une certitude apparait : il est difficile de faire vivre une démocratie directe, mais, en même temps, qu'y a-t-il de plus exaltant ? Et une question qui se pose : doit-on voter ou pas ? Certains sont pour, d'autres contres. En tout cas, François Ruffin, un des éléments moteurs de ce mouvement, rédacteur en chef du journal de "Fakir" et réalisateur du film "Merci Patron !", a tranché dans le vif : il fait partie des députés de la France Insoumise depuis juin dernier.