« Gabriel et la montagne »est un gros coup de coeur, un film que j’ai trouvé magnifique.
Le film débute au Malawi en 2009, lorsque deux hommes découvrent le corps de Gabriel Buchmann, étudiant brésilien, décédé d’épuisement au pied du mont Mulanje.
Le réalisateur, Fellipe Barbosa, un ami d’enfance de Gabriel, décide de raconter les 70 jours qui précèdent le décès du jeune homme.
Gabriel, avant de travailler sur son doctorat d’économie en Californie, s’octroie un tour du monde d’un an et le termine en Afrique. L’histoire se situe en fin de périple, peu de temps avant de regagner le Brésil. La plupart des acteurs africains sont des personnes qui ont réellement croisé le chemin du jeune étudiant. Le film est ponctué de réflexions de ces hommes sur leur réelle rencontre avec Gabriel. Cela renforce le sentiment d’immersion dans le voyage de Gabriel, même si la sincérité des acteurs n’est pas évidente.
Immersion, c’est bien le mot qui convient à cette expérience cinématographique de plus de deux heures, en partie grâce à la beauté des images de l’Est africain : Kenya, Tanzanie, Zambie, Malawi. J’ai eu vraiment l’impression de voyager avec Gabriel, à pied, en bus, au sommet d’une montagne, dans les villes, refuges, villages, réserve. Pendant quelques jours c’est en compagnie de sa petite amie Cris que se poursuit la route. L’acteur joue avec un réalisme et une présence déconcertants, nous entraînant avec lui.
Ce jeune homme, débordant de jeunesse, rempli de contradictions est aussi très attachant. Idéaliste, défendant avec ardeur ses opinions sur l’économie mondiale, amoureux, mais aussi obstiné, parfois énervant, certain que les plus expérimentés n’ont rien à lui apprendre, que le monde lui appartient, sûr de sa puissance, pressé de vivre, pressé de gravir les montagnes … au point de gravir l’ultime montagne sans aucune prudence.
Sa façon de voyager est un peu celle du routard occidental à l’ancienne, comme le faisaient les soixante-huitards à leur époque. Des générations de jeunes voyageurs peuvent se reconnaître avec nostalgie dans son tour du monde.
Mais Gabriel n’a pas eu de chance, victime de sa façon de brûler la chandelle par les deux côtés.
Contrairement à « Into the wild », film triste dont je me rappelle surtout la fin fatale, ici je garde le souvenir d’un Gabriel ivre de vivre et d’aimer, bien vivant, c’est là que l’hommage de Felippe Barbosa est vraiment réussi.
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