Bon, fermons les yeux sur les contours d'un pitch invraisemblable qui ne tient pas la route une seule seconde si on active une de nos neurones pour y réfléchir et prenons "I Feel Pretty" pour ce qu'il est, une sorte de conte comique tentant de délivrer un message somme toute bienveillant.
Complexée depuis des années par son physique d'actrice américaine très populaire (ben oui, elle a celui d'Amy Schumer après tout, il y a quand même bien plus malheureux), Renee fait un jour le voeu d'être enfin jolie. Évidemment, rien ne se passe mais, suite à un incident, la jeune femme s'assomme violemment et se réveille persuadée d'avoir hérité du corps d'un top-modèle. Dotée désormais d'une confiance exacerbée en elle, Renee décide de profiter des avantages que lui offre son nouveau physique imaginaire...
L'énergie, le tempérament comique et le caractère décomplexé d'Amy Schumer sont sans doute les plus beaux atouts de "I Feel Pretty", la comédienne n'hésitant pas donner de sa personne aussi bien dans des situations forcément gênantes pour provoquer le rire à tout prix que sur le terrain de l'émotion et de la romance. Mais elle est aussi quelque part le défaut d'un film beaucoup trop long : les mêmes quiproquos qui permettent à son personnage de s'enfermer toujours un peu plus à l'intérieur de son délire se répètent dans des séquences s'étirant trop en longueurs (le concours de bikini ou les premières scènes de bureau, Renee y est simplement insupportable) et où Amy Schumer paraît finalement en faire des caisses, lâchée en roue-libre, jusqu'à vampiriser l'ensemble. En fait, on atteindra le point de rupture avec son personnage bien avant ses meilleures amies agacées par son nouveau caractère et on sera assez heureux d'un inévitable retour à la normale la confrontant à ses erreurs.
Mais, entre-temps, reconnaissons tout de même que la bonne humeur générale, quelques vannes, la jolie romance avec Rory Scovel ou la curiosité vocale d'une Michelle Williams (hélas sous-exploitée malgré un potentiel comique indéniable) auront fait le job pour nous arracher un nombre suffisant de sourires en cours de route.
Quant au discours de fond sur le fait que la confiance en soi permet d'ouvrir toutes les portes et ce quelque soit son physique, il sera bien entendu délivré dans les limites du formatage sans surprise qu'induit ce type de comédie US, c'est à dire parfois avec une certaine maladresse : quelques vannes trop lourdingues sur les personnes à forte corpulence et surtout une héroïne qui, se croyant dotée d'une nouvelle beauté, accepte très vite, pendant une grande partie du film, d'embrasser les codes d'un système où l'apparence est primordiale alors que celui-ci l'a justement enchaînée à son mal-être depuis des années, un brin paradoxal... Néanmoins, même si le long-métrage est cousu de fil blanc pour parvenir enfin à la prise de conscience attendue, il aboutira sur un final sympathique et classique, permettant au film de délivrer son message dans un déluge de bons sentiments mais avec une certaine sincérité qui lui faisait peut-être défaut jusque-là (hormis sur l'aspect romantique).
Pas sûr que ce soit avec ce genre de comédie insignifiante qu'Amy Schumer parviendra à se faire un nom en dehors des États-Unis... Les quelques belles intentions et les sourires de "I Feel Pretty" parviennent à le rendre un minimum divertissant le temps de sa durée. Au delà, ça devient tout de suite plus compliqué.