Il s'agit d'un film, dans lequel la lenteur est consubstantielle à la thématique déployée. La circulation dans le temps et dans l'espace a des effets sur les individus. Une femme, Teresa, s'est dévouée pour une famille, elle a accompagné un jeune homme de sa petite enfance à l'âge adulte. Vient le temps de partir aider d'autres, qui seront cette fois des personnes âgées. Mais, le voyage pour s'y rendre sera ponctué de péripéties. On ne quitte pas indemne une place qu'on a occupée pendant de si nombreuses années en ayant noué des relations affectives intenses. Le mythe de La Difunta Correa est au cœur de ce film : une épouse veut suivre son mari parti à la guerre en Argentine au XIXème siècle, elle accompagne la troupe avec son nourrisson dans les bras. Epuisée, elle s'allonge, lorsqu'elle est à court de vivres et surtout d'eau,. Elle place alors son nourrisson au sein, meurt, mais son bébé lui survivra. La Difunta Correa est la déesse des muletiers et des camionneurs. Teresa se retrouve en escale près d'un lieu de ce culte. El Gringo, un camelot lui vend ses boniments. La tempête menace, il part précipitamment emportant le sac de Teresa dans sa camionnette. Une quête s'engage pour récupérer son bagage. Teresa se verra transformée au cours de ce voyage. "L'altération" positive, c'est-à-dire le devenir autre, est possible à tout âge. Il nécessite simplement une ouverture, une disponibilité et une curiosité existentielle. Teresa est une femme digne, intense, peu causante, mais rarement sur la défensive. La rencontre de son propre désir, la découverte de soi, sont possibles à différentes époques de la vie. Il n'y a pas un moment à ne pas laisser passer, parce qu'ensuite ce serait trop tard. La singularité de ce film, c'est que ses héros ne sont pas de première jeunesse.
Ils ne répondent pas aux canons habituels de la beauté et pourtant qu'est-ce qu'ils peuvent être magnifiques ces deux-là !
El Gringo et Teresa nous emmènent dans cette traversée du désert argentin et c'est un beau voyage auquel ils nous convient...