Teresa est une chilienne de 54 ans qui, ayant perdu ses parents lors d’un tremblement de terre, a été recueillie par un oncle qui l’a placée comme domestique dans une famille de Buenos-Aires, afin qu’elle prenne en charge l’enfant de la famille. Au bout de plusieurs années, Teresa a vraiment l’impression de faire partie de cette nouvelle famille. Mais, en Argentine comme ailleurs, les enfants grandissent et arrive un moment où « on » n’a plus besoin d’elle. Ce qu’elle prenait pour sa nouvelle famille décide de l’envoyer occuper une nouvelle fonction à San Juan, à 1100 kilomètres de car de Buenos-Aires. Le voyage ne se déroule pas tout à fait comme prévu, le car tombant en panne à Vallecito, à une heure de route de San Juan.
Dans cette bourgade où les passagers du car doivent attendre, se trouve un sanctuaire dédié à la Difunta Correa, un personnage mythique qui fait l’objet d’un véritable culte en Amérique du sud. La foule qui afflue n’a pas laissé indifférent le monde du commerce et, autour du sanctuaire, s’est développé un espace tenant tout à la fois de la foire et de la fête foraine. C’est en flânant dans les stands que Teresa va oublier un sac dans le motor-home qui sert de cabine d’essayage à ‘El Gringo’, un forain vendeur de robes. Ce sac comprend tout ce qu’elle a de précieux : cet oubli et ‘El Gringo’ vont changer la vie de Teresa.
Oui, "La fiancée du désert" n’est qu’un « petit » road movie de 78 minutes, mais en s’intéressant à la métamorphose d’une femme de 54 ans qui n’a jamais eu de vie personnelle et dont tout laisse à penser qu’elle est encore vierge, en montrant avec délicatesse qu’à cet âge il est encore possible de ressentir pour la première fois un élan amoureux, il nous en dit bien plus sur l’âme humaine que bien des films beaucoup plus longs et, surtout, beaucoup plus prétentieux.
Dans le rôle de Teresa, le jeu très sobre de Paulina Garcia convient parfaitement à l'interprétation d’une femme qui se surprend à vivre enfin pour elle-même, une femme pour qui l’oubli de ce sac va permettre de vivre une seconde naissance. Quant à Claudio Rissi, l'interprète de 'El Gringo', il prouve toute l’étendue de son talent dans le rôle d’un homme dont on ne sait pas trop bien si le côté retors l’emporte sur le côté serviable ou le contraire.
Dès leur premier film, Cecilia Atán et Valeria Pivato entrent dans la catégorie des cinéastes dont on va attendre les films suivants avec impatience. On peut regretter que la Caméra d’or cannoise ne soit pas venu récompenser leur très beau travail et on espère que le rythme effréné des sorties n’empêchera pas ce film d’avoir le temps de s’installer et de pouvoir ainsi bénéficier pleinement d’un bouche à oreilles qui, n’en doutons pas, va petit à petit faire son travail.