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In Ciné Veritas
94 abonnés
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3,5
Publiée le 7 février 2018
Dans Un homme intègre, film lauréat du Prix un Certain Regard lors du festival de Cannes 2017, Mohammad Rasoulof aborde à nouveau un sujet d’une grande pertinence. L’entêtement éthique du personnage principal est le parfait reflet de l’audace et du courage politique du cinéaste iranien. Désormais assigné à résidence dans son pays pour « atteinte à la sécurité nationale et […] propagande contre le régime », Rasoulof livre un film nécessaire et indispensable frappé, comme ses prédécesseurs, d’une interdiction de projection en Iran. Critique complète sur incineveritasblog.wordpress.com
Du Ken Loach version iranienne. Le scénario est subtil, les images traduisent l'histoire triste et profonde d'un pays rongé par la corruption avec beaucoup de beauté, par fois glaçante. Les petits gens en train de basculer... ou pas.
Prix Un Certain Regard au Festival de Cannes, Un homme intègre est une œuvre politique forte, interdit de projection en Iran du fait des pressions sociales qu’il dénonce. Nous rencontrons Reza qui vit avec sa femme et son fils. Lui élève des poissons d’eau douce, elle est directrice d’un établissement scolaire pour filles. Après avoir refusé de se faire exproprié, Reza va voir son eau contaminée. A l’image de ses poissons morts, Reza est englouti sous les dettes et les ennuis s’accumulent. Mohammad Rasoulof va alors filmer l’intégrité dans une société de trahisons, de coups bas et d’égoïsme. Mais est-il vraiment possible d’être irréprochable lorsque tout est fait de manipulation et de corruption ? Le cinéaste utilise le charisme de ses comédiens pour nous embrigader dans une chaîne de malversation sans fin. Un homme intègre est une œuvre douloureuse qui nous met face à une réalité désormais trop volumineuse pour être enterrée. D'autres critiques sur notre page Facebook : Cinéphiles 44 et notre site cinephiles44.com
Encore un film iranien bien énervant qui nous contraint à suivre la descente aux enfers d’un homme cherchant à rester droit et honnête en toute circonstance. Or, il est confronté à un pouvoir qui valide la corruption à une échelle assez impressionnante. Finalement, le cinéaste fait passer le pouvoir religieux pour une institution mafieuse qui use de pratiques d’un autre âge pour faire régner la terreur. La démonstration est implacable et ressemble à s’y méprendre au récent film égyptien Le Caire confidentiel. On y retrouve le même type d’engrenage fatal et le même fatalisme face à une situation où le petit ne peut jamais l’emporter sur le pouvoir en place. A noter que tous les acteurs sont bons et que la réalisation, bien que très austère, est de grande tenue. Une belle découverte assurément.
Grand film noir, rythmé par un drame social et familial haletant ... et conclu par le cynique prix du courage. On lui regrette simplement un ton trop moral. L’investissement des acteurs est impressionnant. Photographie, jeux de caméras et montage magnifiques.
On se demande toujours en regardant de tels fils comment le réalisateur est parvenu à trouver les financements et les réseaux de distribution. Car "Un homme intègre" parle de l'Iran, ce prestigieux pays qui brille de par sa culture perse, mais un peu moins de par ses vertus démocratiques. On nous présente un pays pluvieux, corrompu, autoritaire, parsemé d'images de propagande du gouvernement, où domine la violence des institutions face au désœuvrement du peuple. Du coup, l'intégrité est difficile. C'est le pari fou et naïf du héros, retiré dans la campagne iranienne pour mener à bien un projet de culture de poissons avec sa famille. Mais une compagnie des eaux convoite le terrain où il s'est installé, et s'engage l'inéluctable lutte du pot de terre contre le pot de fer. Le film est profondément anxiogène. Le drame quasi cornélien occupe l'espace de la narration dès les premières images et ne quitte plus le film. "Un homme intègre" déroule le cas de conscience posé par le Cid entre le pouvoir, la fidélité familiale, le devoir de morale, et la survie. L'Iran ne fait pas rêver et l'on ne peine pas à comprendre les mouvements politiques qui commencent à se dresser. Mais si la corruption généralisée des administrations hante le pays, demeure le spectre de la religion. "Un homme intègre" est un grand film courageux et engagé. On regrettera simplement quelques raccourcis du scénario qui empêchent de saisir parfois la complexité des rapports institutionnels et humains qui se jouent.
Film très maîtrisé, pas aussi « démonstratif » que certains l’ont écrit, car Reza, l’éleveur de poissons à qui tous les malheurs du monde arrivent, évolue de l’hostilité totale à un système vérolé et corrompu (il préfère payer une pénalité à la banque, en vendant sa voiture au rabais, plutôt que de graisser la patte du directeur d’agence en échange de deux mois de répit) à une compromission résignée et une « action radicale » totalement à l’opposé de ses principes. Les scènes de bains dans l’eau chaude d’une grotte où il se réfugie pour siroter, pensif et affligé, son alcool de pastèque sont magnifiques.
Un film sur le système de corruption plus ou moins installé en Iran à travers un personnage central confronté à ce système. Le film est assez prenant et permet d'appréhender certains éléments de la situation intérieure iranienne.
On sort de ce film un peu KO.Noir du début jusqu'à la fin,mais plein de surprises,un côté thriller qui donne du peps .Un seul tout petit reproche:la réalisation laisse parfois à désirer.En tout cas,un film que je ne suis pas près d'oublier.
Superbe film iranien, notre homme intégre (Reza AKhlaghirad) refuse de se préter aux pots-de-vin qui font fonctionner le pays. Son combat va même le mener en prison et et son épouse (Soudabeh Beizaee) doit l'aider à en sortir.Mais ne devra-t-il pas finalement accepter une certaine compromission pour arriver à régler les dangers qui le menacent.
Un homme de principes (intègre comme l'annonce le titre) face à la corruption banalisée de son pays; tel est le sujet central de ce sixième long métrage de Mohammad Rasoulof. Le cinéaste iranien dresse un portrait peu flatteur de son pays et a dû pour cela faire face à la censure comme nombre de ses confrères (Asghar Farhadi, Jafar Panahi,...). Si je l'ai trouvé un peu froid au niveau des émotions, "Un homme intègre" développe une intrigue qui dévoile progressivement sa richesse, une ambiance et une critique sociale acerbe. Une réalisation sobre et maîtrisé et d'excellents acteurs viennent parfaire le tout. Une bonne découverte que je conseille vivement.
Un film qui se mérite : la trajectoire lineaire et prévisible du héros s'anime enfin dans le dernier tiers du film... Il faut donc être patient et profiter pleinement du formidable témoignage/documentaire que constitue ce film, autant qu'on puisse en juger. Les acteurs sont tous très bons, avec une reserve toutefois pour le jeu du personnage principal qu'on aurait aimé moins monolithique.
Un film assez éloigné de la plus production habituelle du cinéma Iranien ; ici l’action se passe dans la campagne et est décrite d’une manière très réaliste. On est dans une sorte de docu télé, sur la corruption et les malheurs d’un petit entrepreneur, producteur de poissons rouges pour les fêtes du Nouvel An Iranien. On est bien loin de la dissertation philosophique, comme dans le cinéma plus « culturel » iranien, Il y a une dispute pour des terrains, la main mise d’une famille sur tout le Business du village. Sa femme directrice d’école est heureusement originaire du village et l’aidera à se battre contre cette mafia locale. Il est intéressant de voir la vie au quotidien des Iraniens, surtout en ce moment où il y a des révoltes sur place , dont on peut comprendre les raisons avec cet éclairage différent. Mais en même temps le film manque un peu d’ambition et on reste sur sa faim..
Description méthodique tout en finesse d’une société hypocrite où la corruption à tout niveau est érigée en système bien installé. Et au cœur du dispositif, un homme, intègre, affiche sa volonté dès une des premières scènes à rester droit dans ses bottes et refuse de se compromettre. Au banquier qui lui propose des facilités de crédits moyennant bakchich, il répond en vendant son véhicule préférant rembourser rubis sur l’ongle son prêt. Le décor est planté et très vite une phrase lourde de signification est lâchée et nous tiendra en haleine jusqu’au terme du film : choisir son camp, soit oppresseur soit oppressé. Et Reza, « Un homme intègre », va faire l’amer expérience de ne pas choisir toujours le bon camp et va entrainer toute sa famille dans un tourbillon. Cette corruption a été montrée récemment par le roumain Mungiu dans « Baccalauréat » et surtout le russe Zviaguintsev dans « Leviathan » ; lui, Rasoulof, malgré un sens de la distance (jamais de démonstration frontale) et de l’ellipse bien maitrisé, paie le prix fort de brulot en étant assigné à résidence et en risquant 6 ans de prison en Iran. Un talent et un courage reconnu à Cannes avec le Prix de la sélection « Un certain regard ». Tourné comme un western perse, le film est poignant, tendu et glaçant et la mécanique implacable. A chaque tentative de Reza pour échapper à la pieuvre, sa situation se corse de plus belle jusqu’à un final lourd incarné par un ultime plan sidérant. Cette réussite tient aussi à son couple de comédiens d’un charisme incroyable et d’une beauté simple. Le visage de Reza, fermé, à l’image d’un scénario empreint de raideur bascule petit à petit dans une rage contenue. Et puis contrairement au russe Zviaguintsev, Rasoulof fait vivre aussi de vrais moments de bonheur simple, d’amour et de chaleur humaine au sein cette cellule familial : un havre de paix. Et puis entre Reza et sa femme ; ce débat, un des thèmes majeurs du film : jusqu’où aller dans sa compromission avec un système pour vivre en paix ? Et pour finir : qu’a voulu exprimer le réalisateur dans sa première scène dans laquelle Reza injecte de l’alcool dans la pastèque ? On ne voie pas la pastèque mais plutôt un crâne ; comme si on instillait dans le crâne de la population qu’il n’y a pas d’autres échappatoires que le système en place. En contournant au maximum les dictats de la société des Mollahs, Rasoulof a dû maitriser tout au long du film les sous-entendus. Magnifique réussite Mon blog: tout-un-cinema.blogspot.fr