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isakkk
14 abonnés
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3,0
Publiée le 2 janvier 2018
Le film est intéressant par ce qu’il montre de l’Iran mais il est très démonstratif et n’en finit pas. Il aurait mérité d’être un peu plus produit qu’écrit ! Les acteurs sont excellents !
Chronique sombre qui dénonce la corruption généralisée de la société iranienne. Un film poignant qui monte en puissance, soutenu par une mise en scène sobre mais sublime, et une excellente interprétation.
On se demande toujours en regardant de tels fils comment le réalisateur est parvenu à trouver les financements et les réseaux de distribution. Car "Un homme intègre" parle de l'Iran, ce prestigieux pays qui brille de par sa culture perse, mais un peu moins de par ses vertus démocratiques. On nous présente un pays pluvieux, corrompu, autoritaire, parsemé d'images de propagande du gouvernement, où domine la violence des institutions face au désœuvrement du peuple. Du coup, l'intégrité est difficile. C'est le pari fou et naïf du héros, retiré dans la campagne iranienne pour mener à bien un projet de culture de poissons avec sa famille. Mais une compagnie des eaux convoite le terrain où il s'est installé, et s'engage l'inéluctable lutte du pot de terre contre le pot de fer. Le film est profondément anxiogène. Le drame quasi cornélien occupe l'espace de la narration dès les premières images et ne quitte plus le film. "Un homme intègre" déroule le cas de conscience posé par le Cid entre le pouvoir, la fidélité familiale, le devoir de morale, et la survie. L'Iran ne fait pas rêver et l'on ne peine pas à comprendre les mouvements politiques qui commencent à se dresser. Mais si la corruption généralisée des administrations hante le pays, demeure le spectre de la religion. "Un homme intègre" est un grand film courageux et engagé. On regrettera simplement quelques raccourcis du scénario qui empêchent de saisir parfois la complexité des rapports institutionnels et humains qui se jouent.
Le couple iranien au centre du film est confronté à différents types d'abus de pouvoir : la corruption évidemment, les pressions pour acheter son terrain à tout prix, les restrictions faites aux non musulmans et en fait à tous ceux qui ne se plient pas aveuglément au système. Intéressant de ce point de vue, très bien joué. Je passe juste un peu à côté par goût personnel.
Prix Un Certain Regard au Festival de Cannes, Un homme intègre est une œuvre politique forte, interdit de projection en Iran du fait des pressions sociales qu’il dénonce. Nous rencontrons Reza qui vit avec sa femme et son fils. Lui élève des poissons d’eau douce, elle est directrice d’un établissement scolaire pour filles. Après avoir refusé de se faire exproprié, Reza va voir son eau contaminée. A l’image de ses poissons morts, Reza est englouti sous les dettes et les ennuis s’accumulent. Mohammad Rasoulof va alors filmer l’intégrité dans une société de trahisons, de coups bas et d’égoïsme. Mais est-il vraiment possible d’être irréprochable lorsque tout est fait de manipulation et de corruption ? Le cinéaste utilise le charisme de ses comédiens pour nous embrigader dans une chaîne de malversation sans fin. Un homme intègre est une œuvre douloureuse qui nous met face à une réalité désormais trop volumineuse pour être enterrée. D'autres critiques sur notre page Facebook : Cinéphiles 44 et notre site cinephiles44.com
Dans la tradition du film de descente aux enfers, version « seul contre tous », Rasoulof ausculte les mécanismes de la corruption dans une petite ville iranienne à travers le destin malheureux d’un « homme intègre » et de sa famille, aux prises avec une organisation tentaculaire appelée la Compagnie. Démonstration et dénonciation en bonne et due forme, le film ne dépasse jamais le réalisme froid de son scénario et de sa mise en scène, mais s’avère aussi classique qu’efficace dans le genre. On peut surtout reprocher au film une accélération finale du récit au service d’un retournement de situation qui voudrait faire office de suprême ironie du sort, mais paraît un peu forcé parce qu’amorcé trop tard et trop vite, surtout en comparaison du rythme très tranquille de la plus grande partie du film. En résumé : de bonne facture et, à un autre niveau, courageux bien sûr.
Film noir et pessimiste sur l'Iran d'aujourd'hui ou tout le monde est corrompu. Reza est victime d'une mafia locale et va tenter de rester intègre malgré tout. Il tente de résister à l'autorité avec ses moyens, fumer et boire de l'alcool qu'il fabrique lui même en cachette. Le film est un réquisitoire contre la corruption qui frappe ce pays et contre le système religieux. Une fillette va être exclue du lycée parce qu'elle n'est pas musulmane, cet épisode n'est cependant pas suffisamment développé.
C'est un film sombre, c'est le moins qu'on puisse dire; sombre par ses couleurs et par son ciel gris, par le laconisme douloureux de son héros Reza et par l'accumulation des déboires qui s'abattent sur ce pisciculteur travailleur et sa famille, orchestrée par une compagnie qui voudrait récupérer leur terrain. Le film de Mohammad Rasoulof donne de la société iranienne une image extrèmement négative et pessimiste à travers essentiellement la corruption qui la gangrène à tous les étages, du petit fonctionnaire au banquier. Malgré ses ennuis et ses dettes, l'homme intègre Reza refuse de faire comme tout le monde, de proposer des pots de vin pour s'en sortir. C'est à travers ce personnage -et secondairement de son épouse, directrice d'école, prête, elle, aux compromissions- que le cinéaste invoque l'enjeu du film: jusqu'où Reza composera-t-il avec son intégrité?
Le reflet que le réalisateur iranien donne de son pays est désolant au-delà du cas particulier de Reza. Il nous faut d'ailleurs adopter une appréhension générale de la société iranienne pour surmonter le caractère insensiblement démonstratif et manichéen que prend le scénario. Car si les incidents qui enfoncent Reza et menacent son activité professionnelle sont crédibles, ils se produisent à un rythme qui les fait flirter avec le pathos. Le sort de Reza et de son épouse est poignant en ce qu'ils figurent l'un et l'autre des victimes expiatoires et ordinaires d'un système sans justice; mais le cheminement de Mohammad Rasoulof vers sa conclusion est un peu trop évident et exemplaire.
Il y a quelque chose du « thriller social » de son compatriote Asghar Farhadi dans ce film, et pas mal d’influences cinématographiques « occidentales », ce qui facilite son visionnement. Sa particularité est un recours assez systématique à l’ellipse, ce qui est en adéquation parfaite avec le mystère du fonctionnement des individus ou collectifs qui détiennent le pouvoir dans l’univers provincial où se déroule le film, mais pas avec la nécessaire compréhension des cheminements mentaux du personnage principal. Sur le plan individuel, le film pose une question morale fondamentale, inévitable lorsque les intérêts personnels et la morale se télescopent ; sur le plan sociétal, il dénonce deux phénomènes qui caractérisent le pays du cinéaste : le pouvoir tyrannique de l’Islam -ici de la mosquée et de ses représentants- et la corruption généralisée. Même s’il ne s’en prend pas directement au pouvoir central Iranien, c’était bien suffisant pour le faire interdire.
On sort de ce film un peu KO.Noir du début jusqu'à la fin,mais plein de surprises,un côté thriller qui donne du peps .Un seul tout petit reproche:la réalisation laisse parfois à désirer.En tout cas,un film que je ne suis pas près d'oublier.
La corruption généralisée est une des marques de fabrique des régimes totalitaires. Le film s'attache plutôt à en dégager les figures de résistance ,ici dans la société Iranienne, à travers ce beau portrait d'un couple , isolat fragile mais en lutte.
Encore un film iranien bien énervant qui nous contraint à suivre la descente aux enfers d’un homme cherchant à rester droit et honnête en toute circonstance. Or, il est confronté à un pouvoir qui valide la corruption à une échelle assez impressionnante. Finalement, le cinéaste fait passer le pouvoir religieux pour une institution mafieuse qui use de pratiques d’un autre âge pour faire régner la terreur. La démonstration est implacable et ressemble à s’y méprendre au récent film égyptien Le Caire confidentiel. On y retrouve le même type d’engrenage fatal et le même fatalisme face à une situation où le petit ne peut jamais l’emporter sur le pouvoir en place. A noter que tous les acteurs sont bons et que la réalisation, bien que très austère, est de grande tenue. Une belle découverte assurément.
Dans Un homme intègre, film lauréat du Prix un Certain Regard lors du festival de Cannes 2017, Mohammad Rasoulof aborde à nouveau un sujet d’une grande pertinence. L’entêtement éthique du personnage principal est le parfait reflet de l’audace et du courage politique du cinéaste iranien. Désormais assigné à résidence dans son pays pour « atteinte à la sécurité nationale et […] propagande contre le régime », Rasoulof livre un film nécessaire et indispensable frappé, comme ses prédécesseurs, d’une interdiction de projection en Iran. Critique complète sur incineveritasblog.wordpress.com
Film très maîtrisé, pas aussi « démonstratif » que certains l’ont écrit, car Reza, l’éleveur de poissons à qui tous les malheurs du monde arrivent, évolue de l’hostilité totale à un système vérolé et corrompu (il préfère payer une pénalité à la banque, en vendant sa voiture au rabais, plutôt que de graisser la patte du directeur d’agence en échange de deux mois de répit) à une compromission résignée et une « action radicale » totalement à l’opposé de ses principes. Les scènes de bains dans l’eau chaude d’une grotte où il se réfugie pour siroter, pensif et affligé, son alcool de pastèque sont magnifiques.
Ami proche de Jafar Panahi, Mohammad Rasoulof est lui-même un artiste trop critique pour ne pas être soumis à une étroite surveillance de la part du régime islamique : il serait d’ailleurs actuellement en détention pour conspiration contre l’état, précisément à la suite de la présentation dans les festivaux internationaux de cet ‘Homme intègre’. Il faut dire que le regard qu’il porte n’est pas tendre avec le fonctionnement ordinaire de la société iranienne. Propriétaire d’une ferme piscicole, Reza est en butte aux manoeuvres d’une importante compagnie qui souhaite s’approprier ses terres, et ne recule devant rien pour l’obliger à abandonner la partie. Le problème, c’est que Reza veut rester droit dans ses bottes et se défendre par les voies légales, et c’est un réel problème dans un pays où le pot-de-vin est considéré comme un salaire à part entière et où seules l’entregent et les relations permettent de débloquer des situations volontairement inextricables. Dévoilant aussi subtilement les motivations et les blocages personnels et culturels des protagonistes que son compatriote Asghar Fahradi, on suit la descente aux enfers de cet homme confronté à sa propre impuissance et à son refus de transiger, alors que tout ce qu’il avait tenté de construire pour les siens s’écroule inexorablement. Personne, que ce soit dans les forces de police, l’administration ou la justice, ne fait preuve de la plus élémentaire notion d’honnêteté ou de justice, et tous s’inclinent face à la loi du plus fort ou du plus offrant. Si Rasoulof en profite pour décocher au passage quelques traits à l’intolérance religieuse, c’est surtout la corruption absolue du système, qui ne saurait d’ailleurs fonctionner autrement, qui le préoccupe, en ce que la corruption ne peut que pousser les hommes de bien à s’avilir moralement pour survivre. Ce n’est que dans les interstices de la répression qu’il est possible de souffler un peu, à l’image de cette source chaude que Reza est le seul à connaître et où il aime siroter son alcool de pastèques artisanal : ce sont d’ailleurs les seuls moments où il ne semble pas prêt à exploser sous le poids de sa colère rentrée. Car si le constat que dresse Rasoulof sur l’impuissance des justes et le triomphe final du mal est d’une noirceur absolue, la démonstration qu’il utilise pour le prouver est implacable de justesse.