Elle est belle, certes. Elle se prépare à la danse, telle Cendrillon, dans une petite robe bleue qui enchante son corps. Mais le bal ne sera pas long. La jeune-fille se retrouve aux prises d'une voiture de police, dont on comprend qu'elle vient de subir un viol. "La belle et la meute" est un titre énigmatique, mais absolument adapté. Il s'agit bien de cela : la livraison d'une jeune-femme aux mains monstrueuses d'une meute d'hommes, a fortiori policiers, certains de leur masculinité, de leur pouvoir, et de leur puissance. Le film se passe en Tunisie, dans les années 2014, bien après le fameux printemps arabe qui pourtant, était synonyme d'espoir et de liberté. D'un point de vue technique, "La belle et la meute" ne paye pas de mine. La photographie est bleutée, la lumière est rare, les décors sont rudimentaires. Pourtant, le film est d'une formidable efficacité. Construit en chapitres, il retrace le parcours de combattant de cette jeune-fille qui doit faire gagner la justice sur l'accablement du machisme. Le stress monte scènes après scènes. Le film est dérangeant, étouffant, et sa réussite vient du fait que le spectateur ne peut s'empêcher de penser à l'actualité du moment. "La belle et la meute" est un hymne à la féminité, une féminité de la lutte, une féminité de l'honneur. Les hommes sont répugnants, violents, sans limite. Finalement, l'exotisme de la Tunisie pourrait laisser penser que le sujet ne concerne pas le spectateur français. Au contraire, le réalisateur dresse un portrait totalement universel d'une humanité qui faillit à son devoir de respect et de vérité.