L'année dernière, Maren Ade avait beaucoup fait parler d'elle sur la Croisette, avec "Toni Erdmann", film dont elle était la réalisatrice. Cette année, on l'a retrouvée comme coproductrice du film "Western", présenté dans la sélection Un Certain Regard. Concernant les sujets de ces 2 films, un point commun : il est question de travailleurs allemands amenés à travailler dans un pays de l'est. Cette fois-ci il s'agit de la Bulgarie et l'équipe allemande envoyée là-bas est chargée d'installer une turbine hydraulique sur une rivière. A côté de ce point commun, une différence importante : dans "Toni Erdmann", Maren Ade s'intéressait très peu aux rapports entre allemands et roumains alors que, dans "Western", les rapports entre les travailleurs allemands et les villageois.es bulgares représentent le cœur du film.
Pas grand chose de commun entre ces allemands et ces bulgares : ils ne parlent pas la même langue, ils n'ont pas le même niveau de vie. Comment envisager une cohabitation paisible alors que les ouvriers allemands adoptent le plus souvent un comportement déplaisant et, en particulier, se conduisent très mal avec les jeunes villageoises venant se baigner dans la rivière ? Comment arriver à effacer les souvenirs laissés par des soldats allemands, dans un passé certes lointain mais qui est resté dans bon nombre de mémoires ?
Une exception toutefois parmi ces travailleurs détachés : Meinhard, un ancien légionnaire d'une cinquantaine d'années, un homme qui a combattu en Afghanistan et en Irak, et qui cherche, lui, à nouer des contacts avec les bulgares, un homme dont le comportement s'oppose au nationalisme étroit de ses compatriotes.
A l'heure de la mondialisation, la frontière qu'on cherche à faire reculer n'est plus forcément à l'ouest, comme c'était de tradition dans les westerns classiques, elle peut se situer à l'est, dans un pays, la Bulgarie, qui voit des allemands venir travailler sur les terres de ses habitants alors qu'eux-mêmes se retrouvent souvent contraints d'aller en Grèce pour trouver du travail.
Sur ce thème dont l'intérêt est évident à l'heure où l'Europe n'arrête pas d'être remise en question, il est dommage que la réalisation s'avère manquer de souffle et d'envergure. Dommage aussi que, dans ce pays aux paysages si lumineux, il y ait autant de scènes nocturnes au cours desquelles, avouons le, on ne voit pas grand chose.