Après des débuts prometteurs avec la trilogie Le Jour où le cochon est tombé dans le puits (1996), Le Pouvoir de la province de Kangwon (1998), La Vierge mise à nu par ses prétendants (2000), tous sortis le même jour dans notre pays, début 2003, le réalisateur coréen Hong Sang-soo a été pris petit à petit d'une frénésie compulsive en matière de réalisation. En effet, il est passé rapidement à un film, voire deux, par an. En 2017, il bat tous ses records avec la sortie de 3 longs métrages dont deux figuraient au récent Festival de Cannes : La caméra de Claire, en séance spéciale, et Le jour d'après dans la compétition officielle. Dans ces conditions, il ne faut pas s'étonner d'avoir l'impression de rencontrer les mêmes personnages film après film et d'y retrouver les mêmes situations : un personnage principal masculin, dans la bonne quarantaine, réalisateur de cinéma et/ou professeur de cinéma dans une Université, une ou plusieurs rencontres féminines ayant une bonne vingtaine d'années de moins que lui, des élèves à lui, par exemple, tout ce beau monde passant son temps à débiter des dialogues le plus souvent très creux tout en pochetronnant dans des bars.
C'est pourquoi on est foudroyé, dès le début du film, par une surprise colossale : le personnage principal imaginé par Hong Sang-soo ne travaille pas dans le milieu du cinéma ! Non, Bong-wan est éditeur et critique littéraire. Deuxième surprise : il boit du café et ne commencera à succomber à l'alcool qu'au bout de 30 minutes. Et puis, cette fois ci, ce ne sont pas une ou deux très jolies jeunes femmes qui papillonnent autour de lui, non, ce sont trois jolies jeunes femmes. Bong-wan, un homme qui cumule misogynie et lâcheté. On a l'habitude, avec Hong Sang-soo, de le soupçonner de faire de son personnage principal un double de lui-même. C'est peut-être pourquoi, malgré ces défauts qui sont criants, Bong-wan, ce personnage principal, trouve le moyen d'attirer trois jolies femmes dans ses filets : faut ce qu'il faut, je suis peut-être un sale type mais question succès auprès des femmes, j'assure un maximum !
Est-ce le fait de passer du monde du cinéma à celui de l'édition, est-ce le fait que ses personnages se montrent moins accro au soju que dans ses films précédents, toujours est-il que Hong Sang-soo rend, avec "Le jour d'après", une copie qui, avec des dialogues un peu plus intéressants, plus riches, plus profonds que d'habitude, s'avère en progrès notable par rapport à sa production de ces dernières années, même si on reste quand même assez loin des sommets du genre mélodramatique qu'il affectionne.