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    La Lune de Jupiter
    Anecdotes, potins, actus, voire secrets inavouables autour de "La Lune de Jupiter" et de son tournage !

    Un titre énigmatique

    La Lune de Jupiter mêle drame social et fantastique. C'est pourquoi le réalisateur a choisi un titre qui évoque la science-fiction tout en inscrivant son histoire dans un contexte précis : "La planète Jupiter a plusieurs lunes, qui ont été découvertes par Galilée, et l‘une d‘elles s‘appelle Europe. Il était important pour moi de considérer ce film comme une histoire européenne, ancrée dans une Europe en crise, notamment en Hongrie." Il ajoute : "Nous avons aussi creusé la notion d‘étranger, en nous demandant qui est le véritable étranger. Tout est question de point de vue. Jupiter est suffisamment éloignée de nous pour qu‘on puisse se poser de nouvelles questions sur la foi, les miracles, et la différence."

    Quand le cinéma est rattrapé par la réalité

    A l’origine, La Lune de Jupiter devait être une histoire de SF se déroulant dans le futur. Mais le temps de trouver les financements nécessaires, la situation des migrants racontée dans le film était devenue réelle, comme l'explique le réalisateur : "Nous avons débattu pendant longtemps sur la question de savoir si le sujet des réfugiés n‘était pas devenu trop actuel. Personnellement je me méfie des récits idéologiques qui s‘inscrivent dans une actualité brûlante. Je crois davantage en l‘idée d‘un art classique, agissant comme l‘eau sur le béton : elle le ronge et le fait s‘effriter peu à peu. À mes yeux, l‘art fondé sur des faits réels et des opinions politiques est moins intéressant, alors quand nous avons retravaillé le scénario, nous avons tenté de prendre de la distance, au niveau du récit comme du langage du film."

    Avoir la foi

    Si le héros de La Lune de Jupiter a la capacité de voler, ce qui intéressait surtout le réalisateur n’était pas tant de mettre en scène un conte fantastique mais de s’interroger sur la foi : "D‘une certaine façon, j‘ai toujours pensé qu‘il existe une foi plus grande, totale et universelle, au-delà de la foi relative dictée par une culture et une période données, une foi qui peut avoir un réel impact sur les gens, en particulier à une époque où nous semblons vouloir régler nos comptes avec la religion traditionnelle, ou avec Dieu. Au lieu de cela, nous sommes définis par l‘argent et la réussite, par le dieu omniprésent du populisme et de la satisfaction immédiate. Et bien sûr, mettre en avant un individu capable de voler soulève des interrogations sur la possibilité de ce en quoi nous croyons (…). Le film parle des réfugiés, mais c‘est aussi une quête de Dieu, au sens où nous devons reconnaître que nous rencontrons parfois des choses absolues ou mystérieuses. Le personnage d‘Aryan en est en réalité la matérialisation : une figure christique dans le corps d‘un réfugié, qui pourrait être un ange. Les miracles ne surgissent jamais où on les attend, et peut-être ne les utilisons-nous jamais comme on le devrait."

    Déployer ses ailes

    Nombreux sont les récits à mettre en scène un homme capable de voler, du mythe d’Icare aux comics et films mettant en scène des super-héros. En ce qui concerne le réalisateur Kornél Mundruczó, c’est un roman d’Alexandre Beliaïev intitulé Ariel qui a bercé son enfance et qui l’a influencé. Cette histoire de petit garçon qui sait voler l’a poussé à s’interroger sur les contrastes et tensions fantastiques qui pourraient naître autour d’un être doté de pouvoirs surnaturels.

    Inspiration autobiographique

    En ce qui concerne le personnage du docteur Stern qui aide le héros dans sa fuite, le réalisateur s'est penché sur "l'archétype contemporain du praticien, ici un médecin en train de perdre la foi, qui n‘a plus envie de soigner les gens et qui, désabusé, se contente de survivre." Kata Weber, la scénariste, compte par ailleurs beaucoup de médecins dans sa famille.

    Mais ce qui intéressait surtout le réalisateur, c'était la relation qui lie Stern à Aryan, le héros : " (...) l‘histoire s‘inspire aussi d‘une véritable amitié qui m‘est chère. J‘aimerais que Stern transmette aux spectateurs le message que l‘on peut toujours changer si quelque chose en vaut vraiment la peine, et si l‘on arrive à dépasser l‘aveuglement causé par trop de rationalité. Nous avons rendu Stern réellement aveugle. Même lorsqu’il découvre Aryan et son don miraculeux, il pense d‘abord à son propre profit. Il a toutes les peines du monde à comprendre que c‘est seulement en se montrant capable de sacrifice qu‘il pourra enfin gagner en retour."

    L'étranger

    Kornél Mundruczó a pris la pleine mesure du problème des réfugiés lorsqu'il a mis en scène Le Voyage d'hiver de Schubert. La crise n'en était qu'à ses débuts en Europe : "Pendant le travail préparatoire et la construction des décors, nous nous sommes installés dans un camp de réfugiés à Bicske, en Hongrie, durant une ou deux semaines. Ce que j‘ai vu là-bas m‘a bouleversé. J‘ai eu l‘impression qu‘être étranger, différent, était un état d‘être. Il y avait une étrange forme de sainteté chez ces gens, car on les avait placés hors du temps et de l‘espace. L‘image ou l‘allégorie de la privation est très proche de la liturgie chrétienne, que je connais bien car elle m‘a été inculquée dans mon enfance. Vous n‘avez ni passé, ni avenir, vous n‘avez que le présent, mais même ce présent est incertain. Vous ne savez même pas si vous êtes encore vous-même, si vous êtes la personne que vous étiez en partant, ou si vous êtes devenu quelqu‘un d‘autre durant le voyage. On ne peut pas être témoin de cela sans se sentir solidaire. Ce serait inhumain."

    A la croisée des genres

    C'est avec son précédent film, White God, que Kornél Mundruczó a acquis une reconnaissance internationale. Sélectionné au Festival de Cannes en 2014, le long-métrage était reparti avec le Prix Un Certain Regard. On y suit une bande de chiens errants qui se révoltent contre la cruauté des hommes. Si le film ne basculait jamais ouvertement dans le fantastique, il empruntait néanmoins des codes au film de genre. Avec La Lune de Jupiter, le cinéaste franchit un cap supplémentaire et mêle drame et SF : "Pour moi, la vérité réside dans le mélange des genres, pas dans une forme grandiloquente, mais dans l‘analyse parabolique de réalités entremêlées. Je trouve cette voie très intéressante, et aujourd‘hui je constate que ça valait la peine de l‘emprunter."

    Un usage modéré des effets spéciaux

    Le personnage principal de La Lune de Jupiter se déplace à trente ou quarante mètres au-dessus du sol. Un défi pour le réalisateur qui a pris soin de ne pas abuser d'effets numériques : "À mes yeux, les effets spéciaux n‘ont pas la même valeur selon ce qu‘on choisit d‘en faire. Utilisés à bon escient, ils peuvent constituer un immense espace de création. Dans le cas contraire, le résultat fait kitsch et artificiel. Ce film est un mélange de classique et de moderne, tourné en 35 mm. Nous n‘avons eu recours aux effets spéciaux que lorsque nous l’avons jugé nécessaire, toujours en lien avec le réel."

    Un habitué des marches

    La Lune de Jupiter est le sixième long-métrage de Kornél Mundruczó. Il était présenté au Festival de Cannes, à l'instar des quatre précédents films du réalisateur hongrois : Johanna, DeltaTender Son : The Frankenstein Project et White God. Son premier long-métrage, Pleasant Days, a quant à lui remporté le Léopard d'argent au festival de Locarno en 2002.

    Sur les planches

    Parallèllement à sa carrière sur les plateaux de tournage, Kornél Mundruczó se consacre également à la mise en scène de pièces de théâtre et d'opéras. Il a fondé sa propre compagnie théâtrale en Hongrie appelée Proton Théâtre : "À ce stade, j‘ignore combien de temps encore je pourrai conserver cette harmonie entre mon travail pour la scène et pour l‘écran, mais les deux exercices se nourrissent mutuellement, permettent d‘équilibrer les réussites et les échecs, et ce dialogue permanent est pour moi extrêmement productif et inspirant."

    Anticipation sociale

    A l'instar de La Lune de JupiterLes Fils de l'homme d'Alfonso Cuarón traite de la question de l'immigration à travers le prisme de la science-fiction. Cette adaptation du roman de P.D. James nous plonge dans une dystopie où une jeune réfugiée, première femme enceinte au monde depuis dix-huit ans, devient l'objet de toutes les convoitises.

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