En fait, j'ai surtout eu le sentiment de tomber devant une bonne série B du genre, bien racontée, bien illustrée, bien jouée, ce qui suffit amplement pour dépasser n'importe quel polar de série B ou A estampillé « made in France ». Mais ce n'est pas un argument suffisant. Évidemment, le film est beau à pleurer d'un point de vue visuel avec des éclairages, des cadrages et un découpage vraiment bluffant de maîtrise. Ensuite, le fait de découper son scénario de manière non-linéaire lui a tout de suite valu d'être qualifié de « tarantinesque », un avis à l'emporte-pièce qui veut tout et rien dire vu que Tarantino fait avant tout un cinéma qui assemble un peu de tout. Du coup, si la scène d'ouverture rappelle effectivement Tarantino, celle d'après convoque plutôt Edgar Wright. Alors oui, ça claque moins sur une affiche pour être cité (surtout que « wrightesque », c'est moche à dire) mais au final, c'est un peu plus juste, tout comme le développement du film rappellera parfois « Infernal affairs », celui de Hong-Kong plus que le remake de Scorsese. Sung-hyun Byun signe donc un pur polar qui compile beaucoup de scènes et de ressorts narratifs du genre tout en parvenant à les retravailler parfois avec brio, d'autres fois moins, s'appuyant sur des personnages clichés du genre mais suffisemment originaux pour captiver, le film insistant beaucoup sur les interactions entre eux, il mélange fliquette badass (certains passages avec elle en action sont juste hyper jouissifs), flic infiltré perdu entre ses deux « familles », administration incompétente, caïd psycho et j'en passe pour bâtir quelques séquences brillantes, bref, c'est un fourre-tout, une espèce de best-of du genre, parfois définitif, parfois trop prévisible. Et surtout, comme n'importe quel polar sud-coréen, c'est un film complètement nihiliste, jusqu'au boutiste, taré, sanglant, vibrant, palpitant bref, un truc à mille lieues des produits soit trop 2nd degré pour réellement accrocher, soit trop timoré pour réellement emballer, c'est un pur polar hard-boiled bien comme il faut, qui secoue le spectateur (on en ressort un peu KO) mais qui s'avère un peu limité pour réellement emporter le morceau et en faire un vrai incontournable qui aurait su dépasser le cadre du genre dans lequel il s'inscrit. Ça reste par contre un truc à voir absolument pour tous les fans de polars, c'est aussi une bonne introduction au genre pour les non-initiés. D'autres critiques sur thisismymovies.over-blog.com